HK, rallumeur d’étoiles, d’idéaux et de révoltes

HK (photo Denis Charmot)

HK, 11 février 2018, La Forge au Chambon-Feugerolles (Loire),

Une trompette voluptueuse troue le brouhaha d’une salle impatiente dont les projos percent désormais l’obscurité. Lui s’immisce sur le devant de la scène, veste blanche et casquette pareille, tel qu’on le connaît. Et doucement, calmement, « sans haine sans arme et sans violence / de résistance en désobéissance / c’est une évidence nos vies n’ont plus aucun sens / depuis qu’nos rêves sont indexés sur le prix de l’essence… », nous chante déjà ce qui, à ces seuls vers, serait le résumé de cette soirée dont nous ne sommes pourtant qu’à l’entame. Et le public fait les chœurs, calmement, remarquablement, « de résistance en désobéissance ».

Ce public est à l’image des rimes et des portées d’HK, de tous âges, de 8 à 88 ans. Dieu que la vie avec Kaddour Hadadi, notre HK, est simple : ce ne sont que bon sens, respect de l’autre et justice sociale. Un monde idéal, celui justement qui se macronise, se wauquiérise, se lepénise sous nos yeux, dont chaque jour nous nous éloignons. Si tout le monde était comme Hadadi… « Si tout l’monde y dit merci / ça irait mieux la France ! »

Un artiste était en première partie de ce concert, hélas dans toute la caricature du chanteur engagé, rimes peace and love, look Woodstock-Larzac, et l’austérité d’une guitare-voix. Sympathique, certes, respectable… A bien les écouter tous deux, lui et HK, leurs discours ne sont guère différents, quoique celui d’HK plus avenant. Engagé ET engageant. C’est un concert, une vraie prestation scénique, un show digne des meilleurs artistes de variété. Avec des musiciens faisant parfois le beau en solo, des choristes (Cécile et Clara) brillantes, un chanteur qui danse avec son accordéoniste, des lights, tout ce qu’un concert haut en couleurs suppose, impose. Avec, à la différence de bien d’autres futiles stars du chaud biz, un sens, des mots précis qui arment le propos, galvanisent la lutte. Vains combats ? « Bien plus souvent qu’on le dit, la lutte finit par payer » lance HK, en rendant hommage aux zadistes de Notre-Dame des Landes « contre ceux qui veulent niquer la planète ».

Autre hommage, à l’ancien résistant que fut Stéphane Hessel : « Indignez-vous ! Indignez-vous ! / C’est un vieux monsieur qui vous parle / Brandissant son étoile, entendez-vous ? » Il y a en HK la puissance et le charisme d’un Christian Paccoud : des mots certes pas dits pareils mais identiques. De ces mots qui peuvent nourrir en abondance nos manifs outragées, nos combats présents et à venir. Car On lâche rien ! «  »Démocratie », fais-moi marrer / Si c’était l’cas on l’aurait su / Que pèse notre bulletin de vote / Face à la loi du marché ? » Hommage, enfin, aux victimes du Bataclan : « Ils voudront nous diviser, du premier jusqu’au dernier / Chercheront à petit feu, à étouffer nos libertés / Finiront-ils, par nous arracher nos sourires / Rompre l’espoir de se revoir, les chances de se réunir / Sans loi, sans exception, allons tous danser sous l’orage / Ce soir nous irons au bal ce soir nous danserons de plus belle / Nous danserons ma belle tous les deux entre les balles ». La variété-rock festive et colorée d’accents orientaux d’HK fait merveille. Et on ne révolte pas mieux qu’en chantant, qu’en dansant, avec un sourire qui n’a d’égal que les résolutions. De celles qui amènent sinon la révolution au moins les changements.

Superbe concert, de ceux qui restent pour longtemps dans nos mémoires vives, dont les refrains seront rallumés à la manière de phares, de guirlandes aussi, chaque fois que nécessaire. HK est chanteur d’utilité et de nécessité publiques.

Le site d’HK, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.