Nicolas Peyrac, l’épure bonheur
Le retour de Nicolas Peyrac ? Non, il n’est jamais parti. Les retours, les adieux des artistes… c’est tellement ridicule ! 20 albums en plus de 40 ans de carrière, cet artisan de la chanson n’a jamais cessé de chanter, d’écrire, de composer, au gré de son chemin de baladin, de ses voyages, de ses rencontres, de la vie qui l’inspire. Ses incontournables font partie de notre patrimoine (Et mon père, Je pars, So far away, Goodbye California, Mississipi river, Le vin me saoule…) mais ces énormes succès ne doivent pas occulter une discographie riche, mine de petites pépites qu’il a choisi depuis quelques mois d’offrir sur scène dans une formule minimaliste qui lui va si bien : les acoustiques improvisées. Nicolas, c’est la simplicité-même. Sans artifices, ses textes, ses mélodies nous touchent par leur la sobriété et leur élégance pure.
Le nouvel album, Suffit que tu oses, ne déroge pas à la règle : treize titres ciselés,incroyablement bien produits. On saluera la collaboration avec Yves Jaget à la réalisation et aux arrangements qui a réussi à magnifier ses chansons avec un son qui parfois rappelle le meilleur de celui des années 80. Avec Michel Yves Kochman aux guitares électriques on savoure les subtilités des slides (et autres « idées déjantées » comme aime à le rappeler Nicolas dans le livret). Nicolas signe les photos d’illustration de l’album. Voilà une autre de ses passions à laquelle il se laisse aller lors de ses voyages. On souhaiterait en voir plus, pourquoi pas dans une galerie un jour ?
La laissez pas tomber ouvre l’album comme un hymne à la vie. Rien n’est écrit, il n’y a pas de fatalité à la déprime et Nicolas lance ce cri solidaire face à la détresse de cette femme qui sombre. Les échecs, les pires épreuves nous grandissent, On tient debout « presque plus fort qu’avant ». En alchimiste de la chanson, Nicolas transforme le noir, le gris, en arc-en-ciel, en source de vitalité. Il nous exhorte à aller au bout de nos envies, à rester maître de notre destin, quitte à prendre des risques (Suffit que tu oses). Tout ici est humain et dépend de nous ; finalement il suffit d’oser, de lutter contre l’indifférence, les peurs, l’exclusion… De toute façon, quelles que soient les entraves à la liberté Elle se relève un jour.
Jamais Nicolas ne donne de leçons. Il partage juste une forme de sagesse, un apaisement personnel qu’il communique avec énormément d’altruisme et de délicatesse.
Cette attention toute particulière à l’autre s’exprime avec beaucoup d’émotion à travers son regard sur les femmes. La féminité est sanctuarisée et le désir de l’autre, sacré. Elle veille sur moi « c’est moi qui protège mais c’est elle qui veille sur moi ». Comme pour toutes ses indignations, Nicolas ne part pas au combat contre la bêtise le point levé mais avec finesse ; il inspire l’intelligence, dispense de la douceur à fortes doses. Une façon humble mais sûre, de faire changer un peu le monde à son petit niveau. Son regard de père nous parle, il s’inquiète de la fuite du temps. J’aimerais bien dire au temps « qui passe oublie-la et tant qu’à faire oublie-moi aussi [...] j’aimerais que jamais ne la quittent ses rires d’enfant ses questions […] elle illumine les mots les notes qui naissent sous mes doigts ».
Voilà un album très émouvant, d’un artiste apaisé, serein et lucide qui nous apporte une belle bouffée d’énergie positive sans ignorer les difficultés à vivre.
Pour fêter ce nouvel album, Nicolas nous invite au théâtre des Mathurins à Paris le 12 février le temps d’une soirée pour chanter (album Case départ 2009). NosEnchanteurs sera au rendez vous.
« Chanter pour qu’un espoir se lève, pour que les haines s’apaisent envers et contre tout… Chanter pour que nos peurs s’effondrent, que nos angoisses retombent pour oublier un peu…ces rengaines-là dans nos cartables elles nous reviennent nous portent et nous hantent, juste un peu de soleil dans nos ciels trop bas… chanter malgré les imbéciles qui n’y comprennent rien ».
Nicolas Peyrac, Suffit que tu oses, Wagram Music (2018)
Le site de Nicolas Peyrac, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Entretien France 3 Bretagne à propos de Suffit que tu oses
Merci pour ce joli billet autour du nouvel album de Nicolas Peyrac » Suffit que tu oses ». Un véritable bijou musical en 13 pistes de bonheur . Il est fort dommage que le créateur de » Et mon père », « Je pars »ou encore de » So far away from L.A » n’intéresse pas plus les médias tant cet album tranche avec les reprises fades qui , hélas, marquent nos années 2010 . Vive la belle chanson . Merci à vous les Enchanteurs !!
Bonjour,
dommage on ne peut pas partager l’article, l’image n’est pas bonne
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