Gatica, le retour d’une reine ?
Combien de groupes se sont disloqués ces dernières décennies au bout de deux trois albums et d’autant de tournées ? Combien de charismatiques leaders de groupes ont-ils ensuite mené une carrière solo, sous leur propre nom ? Souvenez-vous de la Compagnie du 26 Pinel, dont le dernier album, Conversation de fin de rêve, remonte à il y a plus de dix ans, et de sa chanteuse, son enchanteuse, sa diva, Alejandra Roni-Gatica. La disparition du 26 Pinel (très rapidement, le groupe ne s’appelait plus qu’ainsi) ne pouvait nous faire perdre une telle voix sans que nous criions à l’injustice. De fait, Galica ne fut pas perdue pour la chanson, puisqu’elle prêta sa voix à d’autres formations (lire encadré ci-dessous) dont le fameux Quartet buccal, l’impertinence féminine a capella. La voici qui nous revient, non en solo mais sous son nom, forte d’une expérience enviable et d’une réputation qui, bien au contraire, ne s’est pas estompée avec les années. Tant que, candidate au prochain Prix Georges-Moustaki, elle est donnée pour favorite.
Son premier disque est titré de son seul blaze, éponyme. Un ep comme on dit, six titres qui vous explosent dans l’oreille et s’y imposent d’évidence d’une voix accomplie et forte, onctueuse. Six titres où elle est à la fois auteure, compositeure et interprète, ce qu’elle n’avait jamais vraiment osé à ce jour (sauf trois titres sur le dernier 26 Pinel). Des textes venus de parfois loin, brides tirées du passé, bouts de couplets ou de refrains exhumés qui vient rejoindre une écriture plus récente, dans une identique exigence. Si le talent de Gatica est évident, s’il crève l’écran, le disque est pour autant la réussite collective d’une belle brochette de musiciens, parmi lesquels on remarquera la présence des chanteurs (qui ne sont ici que musiciens) Guillaume Farley et François Puyalto. Signalons aussi François Gueurce (guitares, programmations, percussions et souffle), qui co-signe avec Gatica la réalisation et les arrangements. Et, parmi d’autres musicos, un chœur de filles qui n’est pas rappeler le Quartet buccal.
Tout ce que nous avions apprécié en Alejandra Gatica au sein du 26 Pinel est là. Une voix chaude, qui inspire le désir, des accents sud-américains prononcés et des notes jouées sur un charango. Là, Gatica nous entretient des choses de l’amour, de ses altières blessures, de ses blessures, de ses guérissons, de nuits dans les bras de l’autre. De beaux récits d’amour, une voix tendrement exotique, une écriture raffinée, en fait la recette éprouvée d’une Emily Loizeau, cette fois-ci tendance latino. Pour un peu, si les radios n’étaient pas si fainéantes, si Gatica avait tiré le bon numéro – le bon label -, on tirerait de cet ep au moins un tube, solide, inoxydable : Le retour de la reine. Je dis au moins, tout étant si solide en ce disque…
Gatica, éponyme, autoproduit 2017. Le facebook de Gatica, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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