Chanson plus bifluorée passe à table
Chanson plus bifluorée avoue tout : son penchant pour les menus mignons, sucrés et salés, sa propension à faire bonne chère, bombance et ripaille. Nous le savions déjà, mais l’information était tenue pour confidentielle et, hors quelques gazettes sulfureuses, la presse se taisait. Grands bouffeurs d’huîtres, tartineurs de camemberts et amateurs tant de jambons de Bayonne et de grenouilles (cuisses inclues), lécheurs de spaghettis (pour la bolognaise), têtes de veaux incarnés, tout tout vous saurez tout sur les pratiques culinaires des Chanson plus bifluorée et de leur cuisinier en chef, cordon bleu du trio, Xavier Cherrier.
Chanson plus fait thématique de tout ce qui concourt à la bouffe, vaisselle inclue, après digestif toutefois. Agréable tambouille dans laquelle, parmi nombre de créations pour cette occasion, nos trois gars réaccomodent des restes toujours digestes, tels les parodies Les micro-ondes et Moi je fais la vaisselle. Dix-huit titres qui vous mettent l’estomac à rude épreuve dans ce qu’il est convenu de considérer non comme une parodie mais un possible remake de La grande bouffe. Il n’est pas dit si le spectacle à venir invitera le public autour d’une table mais ce disque – le quinzième (le premier remontant à 1991) – met furieusement en appétit. Même si, dans un louable soucis de contenter tout le monde et de s’octroyer une clientèle à la mesure de leur train de vie, ils chantent tout et leur contraire : il vont chanter les louanges du Label bio (« Ô label bio / Elevé en plein-air à la ferme / Oui label bio / Jolie poule qui roucoule / Oh ma reine / Qu’on te mange à la crème / Ou que tu sois rôtie / Sur ton dos / Est inscrit / Label bio ») aussi sûrement qu’ils glorifient L’OGM sur l’air de La bohème (« Dès qu’on dit transgénique / Ca y est c’est la panique / L’écolo se ramène / Refusant le destin / D’un merveilleux festin »). Que voulez-vous, à force de côtoyer les cimes du chaud biz (thermostat 250), nos fins gourmets bouffent à tous les rateliers.
Reste qu’au menu de ce disque, c’est repas de gala. Vous connaissez nos Chanson plus bifluorée et savez, d’expérience comme d’intuition, que vous pouvez à nouveau leur faire confiance. C’est du tout cuit, salé, poivré, parfois pimenté (ils se fournissent à Espelette). Depuis presque trois décennies, Sylvain Richardot, Michel Puyau et Xavier Cherrier, font œuvre de chansonniers dans l’univers de la chanson, réhabilitant l’art de la parodie qu’ils hissent à des sommets. Succulence, truculence, nos amuseurs d’utilité publique triomphent partout où leur savoir faire se fait savoir. La recette est bonne et la sauce n’est pas prête de tourner.
Chanson plus bifluorée, A table ! EPM/Universal 2018. Le site de Chanson plus biflorée, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de ces trois-là, c’est là.
Je les ai vus à l’Olympia en 1991. A l’époque ils étaient quatre.
S’ils repassent dans la région parisienne, je verrai leur nouveau spectacle avec plaisir.