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Ça vit là, dans la Villa Ginette !

21731296_1717573398266780_3673671599505885266_nOn dit le comité littéraire de chez Larousse en grande perplexité : va-t-il valider ou non le nouveau terme de Rap’n’Roll que La Villa Ginette lui propose ? Rap’n’Roll : le quatuor rémois a beau être assez jeune (pas même huit ans, et son nouvel album n’est que le troisième – le premier en 2011, l’autre en 2013) : il n’en sait pas moins poser des mots, des notes, des actes et ce concept de « rap’n'roll » qui semble en faire l’addition. Si, d’après leur bio, leur principe fondateur était « de mettre la musique au service des mots, du texte », leur patte s’est affinée, précisée, affirmée. Et « La Villa Ginette a pris une direction résolument plus hip-hop tout en gardant dans les textes le second degré et l’esprit de dérision qui les caractérisent » lit-on encore.

De fait, dès les premières notes de 30 millions d’amis, les consonances rap s’imposent, explosent. Si l’esprit « chanson » y est facilement identifiable, c’est sur d’autres portées, d’autres scansions, qu’après préambule (Dans ma villa) qui vaut sommaire, nous pénétrons dans cette demeure et, surtout, y faisons ample connaissance avec ceux qui y passent, y résident, y squattent. Un avocat, ancien baroudeur du barreau (« pour nous raconter ses bobards, il tient la barre à la bonne heure »), un prof de maths (« une tête de sinistre ministre, de chercheur à la fac, une tronche d’intello, une bonne tête à claques »), un homme au foyer dont la femme est un tyran, un corbeau qui « balance dans l’village 300 lettres remplies de phrases froissantes », chanson dont le déroulé est aussi saisissant qu’un film de Clouzot, des qui se marient, ceux qui se retrouvent, tous d’équerre, à la buvette… Une cour sans miracles, des tronches et des trognes, une faune et 30 millions d’amis. Un plongeon dans la vie, la vraie, « un art de vivre à la française ». Avec vous, nous, en acteur pas ou peu commun : « J’suis comme une porte de prison aimable, une salle de concert rentable, un trader responsable qui fait du commerce équitable. » Beau générique, belle distribution.

C’est joyeux dans la forme, plus nuancé dans le fond. Rien qu’à écouter ce disque (et les précédents), on sait que La Villa Ginette est un groupe de scène, que c’est en public qu’il se réalise pleinement. C’est dire si ce disque est méritant : l’énergie y est tangible, sans trop grosse déperdition. Bon, le côté répétitif d’une chanson l’autre y est sans doute plus marqué, cause au débit constant. Mais, justement parce qu’un tel débit mérite attention, on dresse plus encore l’oreille collée à l’enceinte ou dans ses oreillettes. Et séduit par des textes bien esquissés, joliment encrés, des personnages qui nous deviennent familiers, on se refait le parcours, de la plage 1 à la plage 12.

 

La Villa Ginette, 30 millions d’amis, Les Man’louches/Inouïe distribution 2017. Le site de La Villa Ginette, c’est ici.

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