L’aventure Starmania. En live ? Non, en livre !
Il y a quarante ans Michel Berger appelle Luc Plamondon au téléphone et lui propose d’écrire un concept album inspiré d’un fait divers de 1974, l’enlèvement par un groupuscule d’extrême gauche de la fille d’un Magnat de la presse américaine à sensation, William Randolph Hearst. Les ravisseurs réclament pour sa libération, le versement de 70 dollars de nourriture à chacun des indigents de la côte pacifique. Michel Berger imagine une œuvre qui met en scène une bande de jeunes idéalistes qui lutte contre le pouvoir absolu de l’argent, des médias sur fond d’hyper-urbanisation et de technologie déshumanisée. Michel composera la musique et demande à Luc d’écrire les chansons. De cette collaboration artistique transatlantique naîtra un opéra rock dont seulement une trentaine de représentations se dérouleront au Palais des Congrès au printemps 79 après l’énorme succès de l’album sorti en 78.
François Alquier (journaliste et blogueur Les chroniques de Mandor) dont nous connaissons la passion pour la chanson, nous livre un travail exceptionnel sur l’aventure Starmania. Cet ouvrage désormais, de référence, est une perle pour découvrir l’univers de cette œuvre mais ravira aussi les connaisseurs de témoignages et de photos inédites. On revivra toute l’histoire de Starmania, de la genèse aux différentes adaptations du spectacle (version québecoise de 1980, de 1988 avec Maurane et Renaud Hantson, Tycoon en anglais, la mise en scène de 1993 par Lewis Furey). François Alquier a mis toute sa passion dans cet ouvrage et son talent de journaliste. Il met en perspective tous les aspects de la création de l’oeuvre, sans concession, les succès mais aussi les difficultés, les relations parfois compliquées entre les artistes…
Starmania est un fabuleux catalyseur de talents. Le socle est bien évidemment la qualité des chansons, définitivement passées dans l’inconscient collectif, Quand on arrive en ville, Les uns contre les autres, Le monde est stone, Le blues du businessman, La serveuse automate, La chanson de Ziggy… mais le choix des interprètes aura aussi révélé d’immenses chanteurs francophones. Si le livre à le mérite de retracer quarante années de Starmania on retiendra de façon très affective et subjective la première partie qui fait la part belle à la toute première équipe. Daniel Balavoine, Fabienne Thibeault, Diane Dufresne, France Gall, Claude Dubois… Ces artistes bouleversants d’émotion, aux voix d’exception, auront aussi aidé à faire briller l’étoile d’un public qui les a définitivement adopté.
La quête des personnages de Starmania est universelle, « nous tout c’qu’on veut c’est être heureux, être heureux avant d’être vieux. On a pas l’temps d’attendre d’avoir trente ans ». Le monde imaginé par Plamondon et Berger fin des années 70 demeure terriblement d’actualité, au-delà même de ce qu’ils pouvaient imaginer. Cet opéra rock des plus prophétique, met en scène le pouvoir des médias omniprésents, l’argent et la politique, la mondialisation à outrance, l’uniformisation des mégapoles, le capitalisme vorace, le terrorisme contre le totalitarisme, l’exclusion, la banlieue en déshérence… Plus que jamais on a envie de s’identifier à cette Marie-Jeanne, altermondialiste avant l’heure qui travaille à l’underground café et qui rêve de s’en aller cultiver ses tomates au soleil… Cette Marie-Jeanne, personnage clef de Starmania, c’est Fabienne Thibeault qui l’aura magistralement incarnée et qui continue avec sa troupe de faire vivre cette aventure. Nous aurons l’occasion bientôt de reparler de Starmania et de Fabienne Thibeault qui, semble-t-il, nous réserve une belle surprise pour 2018.
Le livre de François Alquier sera nul doute un succès bien mérité de cette fin d’année. Il donnera à tous l’envie de redécouvrir cette œuvre moderne et visionnaire et de rêver peut être à une prochaine adaptation sur scène si les ayant droits ne résistent pas trop et refusent ce monde égoïste….
François Alquier, L’aventure Starmania, Hors Collection 2017.
J’ai vu le documentaire vendredi soir sur cet opéra rock que je n’ai jamais vu sur scène « aucune version ».
Un projet long à dessiner ! long pour convaincre !!! un succès pour des artistes que j’appréciais sans véritable passion !!!
Pas assez évoqué dans la précision le sujet qui pouvait être très intéressant au sujet des grandes mégacités.
Michel BERGER me paraissait intègre, sympathique, concerné par les sujets de société !!! PLAMANDON, un jeune fou à l’époque après je n’ai pas suivi son cheminement : les artistes de la première version avaient une belle folie, surtout la très extravertie Diane DUFRESNE qui a fait de bien belles choses.
En gros, je ne suis pas un inconditionnel de ces grandes pretations scéniques. J’ai largement préféré « Mégalopolis de Herbert PAGANI.