Gil Chovet sait faire des chansons d’amour
C’est un digifile vert tendre comme l’espoir, tout en matière peinte, grosse toile bise, fleurs et tasse à café, avec ses textes illustrés, son CD de notes, ses dits-doux d’amour, le fruit de la vie et de l’amitié.
Celle du cœur : le complice de toujours Jean-Christophe Treille est aux basse, contrebasse, chœurs et percussions.
Michèle Bernard, au souffle de l’accordéon, accorde sa voix mélodieuse à Gil dans un thème qui lui est cher, évoque dans cette longue fable poétique ce Marchand de vent et de rêves parfumés ruiné par la concurrence, qui « vogue nez au vent / Et fait dorénavant / L’inventaire des étoiles ».
Jean-Luc Epallle, alias Maître Pétrus en Dudu-vox populi, énonce des vérités vraies. Romain Didier en duo et au piano chante ce Prince charmant décati, « petit papi à casquette / Qui s’promène avec sa maman ». Et les musiciens qui enrichissent encore de jolies mélodies : clarinettes et cordes (violon, violoncelle, alto), batterie et choristes.
Amitié de sang, sa sœur Marie-Hélène Chovet, le peintre de la famille, ou sa fille Hermine en voix féminine sur Le temps d’un café et Les amoureux, comptine très brassénienne, parfaite jonction entre humour et tendresse.
Depuis le temps que Gil Chovet nous enchante, on avait pris l’habitude de suivre ses spectacles pour enfants, ses comédies musicales, ses chansons gaga – mais non, il ne s’agit pas d’un qualificatif péjoratif, mais de l’appellation officielle du parler ancien stéphanois, tout en diphtongues consonnantes et tombantes – et ses satires comiques mais bien senties telles Les papis de la FIFA : « C’est une âme de pirana / Doté d’un corps de Bibendum ».
Gil Chovet est de ces êtres pudiques et discrets qui n’osent étaler leurs sentiments en public, et réservait à de rares intimes ses chansons les plus personnelles : « Je suis comme ça, toujours un peu méfiant avec l’émotion. Mais je me soigne. j’ai décidé d’enregistrer quelques chansons que je gardais pour moi, un pas vers l’intime. Vous me direz… »
On le lui dit : il a bougrement bien fait de racler le fond de son cœur. Vous êtes priés de ne pas croire : « Je ne suis pas doué pour écrire des chansons d’amour ». Avec des mots justes, une voix jeune et bien placée et une simple guitare, c’est une belle aubade qu’il offre à son aimée : « Il me plaît de voir ma Juliette passer la main dans ses cheveux / S’accouder à une fenêtre ou lire le soir auprès du feu ».
Les justes évoque ces discrets héros de la résistance, cafetiers à la Ricamarie : « Ils ont fait ça comme ça / Sûrement pas pour la gloire / Ni pour la grande histoire / Mais juste comme ça pour rien ».
Même s’il place encore quelques chansons drôles, c’est dans l’évocation des souvenirs d’un passé qui ne reviendra plus qu’il nous émeut profondément. L’inventaire en confidence d’un portefeuille en cuir, tendre balade jazzy toute de cuivres et de cordes, sur fond de chœurs retenus : « Un cliché de jetable /Tu me souris encore ». Et en toute fin ce merveilleux Tu es toujours là cousin de la chanson de Gilbert Laffaille Si tu n’es plus là.
Gil Chovet, Le temps d’un café, autoproduit 2017. Le site de Gil Chovet, c’est ici. Ce que Nosenchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
j’ai eu grand plaisir à lire votre article très complet et très bien écrit au sujet de mon dernier album .
je vous en remercie vivement
Gil