Le jour de la mort à Johnny (1943-2017)
(Point d’hommage à Johnny sur NosEnchanteurs : en est-il besoin quand cent mille autres supports s’en chargent ? Mais cet article tiré du livre « Johnny Hallyday, à la plume et au pinceau, de Michel Kemper et Jean-Marc Héran, paru en 2015 aux éditions Carpentier. Car nous y sommes : le jour tant redouté de la mort à Johnny).
Rien qu’aux titres des chansons de Johnny, il est depuis longtemps possible d’y lire ses préoccupations. Après ses ennuis de santé cinq ans auparavant, Rester vivant, chanson-titre du millésime 2014, est un credo autant qu’un défi, pépite au mitan d’un album qu’on dit être l’un de ses plus beaux.
« Et tant qu’on rêve
Tant qu’on espère
Rester vivant »
Il ne chantait pas autre chose en 1995 avec Rester libre : « Tant que je pourrai tenir / Tant que le sang coulera dans mon corps. »
Le temps ne fait rien à l’affaire : plus les années passent et plus l’idée du trépas se précise. On en parle, on le chante.
« Il y a cette question qui hante mes nuits
Combien de jours de deuil à la mort de Johnny ? » (Cali, Il y a une question, 2003)
Qu’on soit fan de Johnny ou opposant patenté, on mesure d’intuition l’importance de l’idole nationale. Et tous de redouter le jour où le phénix ne se relèvera pas de ses cendres.
En 2009, Les Fatals Picards s’apprêtent à inclure sur leur album Le sens de la gravité un titre peu commun : Le jour de la mort à Johnny.
« On se sentira tous un petit peu belge,
On se sentira tous un petit peu triste,
On se sentira tous un petit peu suisse oh oui,
Le jour de la mort de Johnny »
Les paroles ne sont pas bien farouches, très en retrait même quand on sait l’impertinence habituelle des Fatals Picards. A croire qu’ils n’osent aller au bout de leur idée, de peur de fâcher « la dernière idole des jeunes devenus vieux. » Ils ont raison. Les Fatals sont chez Warner, major que Johnny a rejoint quatre ans plus tôt, et on dit qu’il n’aurait guère apprécié l’hommage de ses jeunes confrères. Le jugement est sans appel et le titre censuré.
Sait-on que, trois ans avant eux, une chanson, La mort à Johnny, avait déjà exploré le jour tant redouté ? En l’occurrence par le lyonnais Éric La Blanche :
« Depuis le temps qu’il accapare les ondes, j’avais fini par croire
Que ce gars était immortel, comme un genre d’organe officiel »
Jour de deuil, les drapeaux sont en berne :
« Le président, l’air solennel, décréta le deuil national
Puis l’on fit donner les sirènes pour les défuntes cordes vocales (…)
Et devant la chapelle ardente – comme Johnny quand il chante
Se pressait la foule de la star enfin silencieuse »
Le texte, où l’admiration le dispute à l’irrévérence, décrit cette journée peu commune qui finit en émeutes :
« Même morte la vivante idole soufflait l’esprit du rock’n'roll
Et beaucoup rejoignirent Johnny pour un concert au paradis »
On a souvent donné pour mort Johnny qui, toujours – tel un Phénix nous l’avons vu – s’est relevé. Sauf qu’en décembre 2009, alors plongé dans le coma dans un hôpital de Los Angeles, on s’inquiète plus que d’habitude. Tant que ses proches font tous le déplacement, que le président français s’inquiète publiquement et qu’une cellule de l’Élysée se penche même sur l’organisation d’obsèques nationales, avec rapatriement de la dépouille en avion présidentiel et descente du cercueil sur les Champs-Élysées. Comme dans la chanson.
La célébrité ne pardonne pas : on n’est jamais à l’abri du Panthéon.
Un immense artiste et un destin exceptionnel. Ses chansons nous ont toutes et tous accompagné de l’enfance à aujourd’hui. C’est une légende vivante qui ne mourra jamais et ses chansons le perpétuent.
Pour moi il manque l’hommage au Nieme degrés des Loïc Lantoine:
http://www.dailymotion.com/video/x4m5q9