Raymond Devos : le déplaisir du son fait-il le plaisir des sens ?
Certes, c’est l’objet même de ce disque. Et son titre : Devos en musique(s).
Un Raymond Devos qui ne soit pas entièrement une compilation faite de matériel depuis longtemps amorti, c’est, sinon un miracle, au moins un grand bonheur. En voici un paru ces jours-ci chez MCA, un label Universal Music. Au moment où la plupart d’entre nous se sentent obligés d’acheter des cadeaux à profusion, cause au biznesse des fêtes, la proposition est forcément sympathique. D’autant qu’à Raymond Devos lui-même s’adjoignent François Morel, MC Jean Gab 1 et Boris Bergman qui, par deux fois pour Morel, une fois les deux autres, chantent Devos. A priori donc, nous ne pouvons que nous réjouir… Mais.
Nous avions auparavant les rires en boite, ces rires idiots surajoutés à la bande son pour nous inciter à nous-mêmes rires de gags idiots, par imitation : on rit comme on baille, parce que l’autre le fait. Pas question ici, sur Devos, de surajouter du rire, non (ou alors on achète un enregistrement public), ça n’aurait pas de sens, moins encore Le plaisir des sens. Mais de la bande son, de la musique, comme si les sketches de Devos ne pouvaient plus se suffire à eux-mêmes, que le moindre blanc se devait d’être vite corrigé, d’être rempli de notes.
Dans le métier, Laurent Guéneau, ancien pianiste classique, est une pointure. Ingénieur, mixeur, réalisateur, arrangeur, compositeur, programmateur, rien dans le son ne lui est étranger (voyez ici un peu de l’étendue de son art). On dit de lui qu’il est un des plus doués de sa génération, à l’aise dans tous les univers musicaux, bien plus qu’un poisson le serait dans toutes les eaux. Sa bio nous le dit « extrêmement attentif à l’élaboration de nouveautés ». De fait, il l’est.
Ceci dit, est-ce une nouveauté que de coller de la musique sur des sketches d’un humoriste, sans l’accord du dit comique, bien après sa disparition ? Ma question n’est pas forcément une réponse, mais elle l’induit.
Le consommateur est-il devenu à ce point stupide pour ne plus pouvoir se satisfaire de la seule narration d’un humoriste, de sa diction, de la poésie, de la douce folie de ses mots ? Devra-ton demain surajouter une bande-son aux discours historiques d’un Malraux, d’une Simone Veil ou d’un Martin Luther King ? Ne pourrait-on plus respecter l’oeuvre originale sans l’alourdir d’un son qui ne fait pas sens ? Serions-nous devenus cons à ce point ?
Raymond Devos, Devos en musique (s), MCA, Universal Music 2017. En vidéo, une version non modifiée génétiquement d’A Caen les vacances.
Je ne vois pas l’intérêt d’un tel disque. Autre que financier pour Universal, et encore !
Devos est irremplaçable, Devos est unique. Il n’a d’ailleurs jamais été remplacé, ni même égalé.
Devos c’est la magie des mots, la loufoquerie des situations, la cocasserie dramatique de la vie. La musique était toujours présente dans ses spectacles, comme soutien scénique avec son comparse pianiste et avec ses instruments de cirque dont il faisait des complices pour appuyer son propos. C’est tout et c’est déjà beaucoup.
Devos, c’était l’intelligence, la poésie et l’humour au secours de la connerie universelle. Ses armes : l’éclat de rire et le nez rouge du clown triste et pourtant si drôle, un accord de piano, un roulement de tambour, un petit aire de pipeau et basta !
Hier au soir j’étais au spectacle de François Morel sur
Raymond Devos » J’ai des doutes ».
Moi aussi j’étais comme vous Jacques,je pensais que personne ne pouvait interpréter Raymond Devos.
Mais cet hommage, que François lui à dédier hier au soir accompagné par son complice Antoine Sahler , nous a comblé.
Un spectacle vertigineux, le public a été conquis, on a beaucoup, beaucoup rit.
N’ayez aucun doute , c’est un spectacle humoristique de qualité.
Bonjour,
Il se trouve qu’aujourd’hui je suis chez « Nos enchanteurs… »
Je partage complètement ce que dit Odile.
J’étais à Brest en Octobre.
Et voir des plus jeunes que, nous rencontrer Devos…
« Ou sont nos Zouaves? »
Et plus si affinité.
Avec tellement de respect, d’humilité de l’ami François!
Sans oublier Antoine Sahler.
Quel bonheur