A bout de Chouf
Direction le Sud-Ouest aujourd’hui pour NosEnchanteurs. Rendez-vous nous y est donné, au détour d’un lecteur de CD, avec l’un de ses artistes les plus chaleureux, au patronyme aussi court que sonnant : Chouf.
4ème album déjà pour notre toulousain. Une belle pochette stylisée pour une oeuvre intitulée Volatils. Sans E au bout. Ce n’est donc point de piafs ou de volaille dont il sera question, mais de quelque chose qui, dixit le dico, s’évapore facilement. L’artiste vise-t-il par ce titre à qualifier ses chansons, appelées à se répandre dans l’air du temps et vouées à s’en effacer au bout d’une plus ou moins longue période ? A moins qu’il ne cherche à nous rappeler notre fragile destin, en écho à l’une des chansons de la galette, prophétiquement nommée Ça va péter ? Chacun jugera.
Un épatant CD que celui-là, rempli jusqu’à la gueule de solides mélodies qui donnent la bougeotte. C’est rock mais pas trop, swing sans être vintage, entraînant, enjoué. Dans les orchestrations, les cuivres se taillent la part du lion, pour le plus grand plaisir de nos oreilles et de notre palpitant, tandis que guitares, piano et percussions jouent les seconds rôles avec intelligence. Belle réalisation de Dimoné, dont le talent n’est par ailleurs plus à démontrer.
Rien qu’une écoute distraite suffirait déjà à notre bonheur. Prêter attention aux paroles décuple notre plaisir. Car chez Chouf, la forme emballante n’a pas pour mission de masquer l’inanité d’un propos. On danse, mais on pense ! On tape du pied mais on grince des dents ! Car, par contraste, les musiques souvent solaires se révèlent porteuses de paroles noir de noir. Avouons que le monde décrit par l’artiste n’est pas très plaisant. Qu’il s’agisse de notre société du paraître (Etres jetables, qui évoque Boris Vian), des migrants sur leurs esquifs (Le cimetière des oiseaux), de la prostitution enfantine (Baby doll) ou de la vieillesse aux couleurs d’Alzheimer (Nuits de silences), le miroir tendu ne prête guère à s’y mirer avec le sourire. L’écriture soignée et métaphorique évite cependant – et heureusement – la leçon de morale et le pensum, pour nous laisser aborder en paix les rivages de l’émotion et de la poésie.
Volatils ? On y vole. Jusqu’au bout du plaisir. Sensuel et intellectuel. Le corps et l’esprit. L’union parfaite.
Chouf, Volatils, Bolgason 2017. Le site de Chouf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Intéressant, chansons bien ficelées, du rythme et de l’énergie !