Eddy Mitchell : la tribu fait le moine
On a sans doute dû lui proposer un « tribute » comme on dit, un hommage s’il faut rester français. Que ses chansons soient reprises par les vedettes du moment, qui daigneront faire un petit aller-retour en studio, sans plus d’âme que s’ils buvaient leur deuxième café du matin, s’ils fumaient leur dixième clope. Mais peut-on raisonnablement imposer ça à Monsieur Eddy ? Et lui de consentir qu’impunément on massacre ses chansons ? Non, Eddy Mitchell a « longtemps cherché le lien, le trait d’union, entre ses chansons et les artistes qu’il souhaitait réunir en studio ». C’est par La même tribu, le titre inédit qui ouvre ce volume 1 (le suivant, c’est pour le printemps prochain), autant clin d’œil qu’immense merci, que le chanteur de La dernière séance accueille les copains de toujours et des « p’tits nouveaux » qui n’en sont pas vraiment et qu’il aime plus que d’autres : « Une tribu, c’est des gens qui se connaissent de près ou de loin, se respectent beaucoup, font un peu le même métier tout en étant très différents. L’important n’est pas tant ce que font les gens mais ce qu’ils sont, leur âme » précise Eddy Mitchell.
Alors, en lieu et place de « tribute », il a convoqué sa « tribu », faite de rockeurs et de crooners, tous ses potes, pour chanter avec lui. Des comparses d’à peu près le même âge, de toute façon de même notoriété : on est bien entre amis du même club. Il y a Johnny Hallyday qui partage avec Eddy C’est un rocker : ils le sont tous les deux. Il y a Souchon, en quête de légendes. Renaud, croisé Sur la route de Memphis, et Julien Clerc, qui a oublié de l’oublier. Arno, lui aussi capable et coupable de Lèche-bottes blues. Sanseverino, à Nashville ou Belleville, et Jacques Dutronc, confortablement installé Au bar du Lutétia. Il y a aussi Keren Ann, Brigitte, Charles Bradley, Ibrahim Maalouf, Maryline Moine. Il y aura (ils sont tous présent sur le titre La même tribu) au second volume Laurent Voulzy, Pascal Obispo, Christophe, Maxime Le Forestier, Michel Jonasz, Calogero, Thomas Dutronc, William Sheller et Laurent Gerra. Oui, une tribu d’estime, de complicité.
Des titres célèbres, oui, et d’autres tirés de derrière les fagots, qui tous se prêtent sans mal à des duos. C’est évidemment bien plus qu’une compile, un produit surnuméraire qu’on prend forcément comme un disque hors-collection, un supplément, un cadeau. Si vous n’avez qu’un disque de Monsieur Eddy, ça peut être celui-là, le savez-vous ?
Eddy Mitchell, La même tribu, volume 1, Polydor/Universal 2017. Le site d’Eddy Mitchell, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Commentaires récents