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Rendez-vous manqué avec Cyril Mokaiesh

Cyril ¨Mokaiesh (photo DR)

Cyril Mokaiesh (photo DR)

Festival des Solidarités, Namur, 27 août 2017,

 

Est-on autorisé à rester insensible à un artiste que tout devrait pourtant pousser à apprécier ? Telle est la question que je me suis posé durant tout le concert de Cyril Mokaiesh. C’est grave, Doc ?

J’avais déjà pu le voir sur scène dans son spectacle de reprises des grands naufragés de la chanson française, dont il a été question voici peu dans Nos Enchanteurs, suite à son passage à Barjac. Rien à redire alors sur le choix du répertoire, mais beaucoup plus de réticence sur l’interprétation désincarnée qu’il en donnait.

Je me réjouissais donc d’avoir l’opportunité de corriger cette impression mitigée, à l’occasion de son passage namurois, où il venait interpréter ses propres oeuvres. J’allais pouvoir découvrir ces chansons dont on me disait tant de bien çà et là. Des titres qu’on me promettait d’une belle écriture et empreints d’une saine colère et d’une salutaire révolte.

La déception fut à la hauteur de l’attente. Faute à la sono d’abord, qui a rendu les paroles difficilement compréhensibles. Phénomène courant en festival et dont j’ai appris à faire mon deuil. Pas si grave en fin de compte si on peut se rattraper sur le reste : il est toujours bien temps par la suite de découvrir les chansons dans le calme de son chez-soi ! Un concert n’est-il avant tout la possibilité donnée de goûter à l’univers musical de l’artiste, ainsi que d’apprécier sa présence scénique ?

PAR AILLEURS Comme un clin d’œil involontaire aux chansons rouges de Cyril Mokaiesh, l’avaient précédé sur la grande scène le groupe français Soviet suprem. Composé de deux gaillards aux pseudos évocateurs de John Lénine et Sylvester Staline, le combo donne dans le rap mêlé de rythmes slaves. Sous leur logo géant revisitant la faucille et le marteau, mixant l’électro et les chœurs de l’armée rouge, jouant la carte du discours parodique et des clichés sur la Russie, les lascars entendent mener à bien la révolution des dance-floors. Vu la manière avec laquelle ils ont emballé le public, qui ne les connaissait pourtant ni d’Eve ni d’Adam, il y a tout lieu de craindre que leur projet sera mené à bien. Choisis ton camp, camarade !

PAR AILLEURS
Comme un clin d’œil involontaire aux chansons rouges de Cyril Mokaiesh, l’avaient précédé sur la grande scène le groupe français Soviet suprem. Composé de deux gaillards aux pseudos évocateurs de John Lénine et Sylvester Staline, le combo donne dans le rap mêlé de rythmes slaves. Sous leur logo géant revisitant la faucille et le marteau, mixant l’électro et les chœurs de l’armée rouge, jouant la carte du discours parodique et des clichés sur la Russie, les lascars entendent mener à bien la révolution des dance-floors. Vu la manière avec laquelle ils ont emballé le public, qui ne les connaissait pourtant ni d’Eve ni d’Adam, il y a tout lieu de craindre que leur projet sera mené à bien. Choisis ton camp, camarade !

Or, c’est là que le bât m’a blessé ! Pour emballer son propos que je veux bien croire original, Cyril Mokaiesh nous offre en effet une pop-rock bien passe-partout, jouée avec cœur entouré de ses 3 musiciens (le trio classique guitare-basse-batterie) mais sans grande originalité dans les arrangements. Difficile dès lors de s’attacher aux chansons, quand leur habillage donne l’impression d’avoir déjà été entendu mille fois. Par ailleurs, l’interprétation tout en retenue de l’artiste et son sobre jeu de scène, s’ils ont le mérite de ne pas forcer la main au spectateur, ne font guère pencher la balance du côté de l’enthousiasme communicatif. Le public écoutera donc poliment les titres qui s’enchaînent (Mon époque, Communiste, Va savoir, La loi du marché..), applaudira sans ferveur particulière et passera à autre chose.

Voilà comment je suis resté sur ma faim. J’aurai vu un concert correct et aimable, alors que j’espérais en ressortir bouleversé. Soyons bon prince, peut-être l’artiste n’est-il pour rien dans ma déconvenue et était-ce moi qui n’étais pas en forme ce jour-là pour le découvrir et l’apprécier à sa juste valeur. Il serait outrecuidant de ma part de poser un jugement péremptoire et définitif…

 

Le facebook de Cyril Mokaiesh, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà de lui, c’est là.

« Clôture », Cyril Mokaiesh Image de prévisualisation YouTube

« Rongrakatikatong », Soviet Suprem Image de prévisualisation YouTube

7 Réponses à Rendez-vous manqué avec Cyril Mokaiesh

  1. Catherine Laugier 17 septembre 2017 à 21 h 49 min

    Il est fort ennuyeux qu’on n’entende pas les paroles, car le texte est suffisamment fort pour n’avoir pas besoin d’en rajouter dans « l’enthousiasme communicatif », et il le dit avec ferveur. Les paroles ne sont pas aimables, mais il ne les chante pas sur l’air de Dansons la carmagnole, pas d’appel à couper des têtes même si tout est analysé, dénoncé, honni, au risque de la désespérance.
    J’ai du mal en général avec des chansons trop engagées, apparentées à un tract politique. Lui arrive par son écriture et son interpétation à les faire passer, en mélangeant intimement sa révolte contre les dérives du monde actuel à ses tourments personnels d’humain et d’amoureux, tant qu’on ne sait pas lesquels sont métaphores des autres.
    On lui a reproché une interprétation trop nerveuse, lyrique et voici maintenant qu’il serait trop retenu ? Il s’agit d’une prise de conscience intime qu’il partage avec nous, sur une musique qui pour moi n’a rien de pop, mais plutôt à voir avec un rock très mélodique, prenant, ardent et consolant. Le résultat, à l’écoute de l’album sinon d’un festival à la sonorisation difficile, est pour moi bouleversant. J’ai eu le même sentiment lors de son concert « Naufragés » à Aix.
    http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2015/10/08/cyril-mokaiesh-vivre-comme-un-homme-doit/
    A juger avec de bonnes conditions sonores :
    Clôture : https://www.youtube.com/watch?v=uf5UVNlTGr0
    La loi du marché : https://www.youtube.com/watch?v=GbIrjN8w2Ik
    Novembre à Paris : https://www.youtube.com/watch?v=gDUHrDoj7xg
    Je fais comme si : https://www.youtube.com/watch?v=bZVQIaKzjaI
    « J’avance / Je vais, je vis / Même si, même si / J’y pense /Et puis je souris / Comme si, comme si… » Cyril Mokaiesh.
    « Pitié pour le chanteur qui nous livre sa vie / Il est dans votre main ne serrez pas trop fort / D’avance pardonnez ses folies ses furies / Pour lui, le grand problème est d’habiter son corps » Jacques Debronckart.

    Soviet Suprem, dont « John Lénine », alias Toma Feterman est aussi un des chanteurs de La Caravane Passe http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2016/10/20/aix-2016-derniere-la-caravane-passe-et-le-chien-la-suit/ , est un duo politico-satirique festif mélangeant influences balkaniques et musiques de l’Est dans une fusion electro-punk-acoustique tout à fait irrésistible. Ils seront le 27 octobre au Festival des Campagnes à Saint Laurent Nouan (41).
    Si le public ne le connaît pas, il a sans doute eu l’occasion d’applaudir La Caravane qui passe régulièrement dans le monde entier depuis 2001 ! Ils seront à Tremblay (93) le 30 septembre.
    Rideau de fer : https://www.youtube.com/watch?v=BHBaKevPYnM

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  2. André ROBERT 20 septembre 2017 à 8 h 37 min

    Aduler Bruel et faire la moue devant Mokaiesh, pas étonnant.
    De même Marc Levy et Guillaume Musso attirent beaucoup plus de lecteurs que Patrick Modiano.
    C’est à ça qu’on reconnait certaines  » supers stars » : on a peu d’effort à fournir pour aller vers elles. Le « grand public » adore.
    Ce à quoi répondait Ghandi : <>.
    Quant à savoir où est la vérité…

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  3. André ROBERT 20 septembre 2017 à 8 h 52 min

    Mystère du traitement de texte, le message de Ghandi a disparu…
    « L’erreur, en grandissant, ne devient pas vérité »

    Répondre
  4. Pol de GROEVE 20 septembre 2017 à 23 h 55 min

    Bruel (que j’adulerais ???) a rempli son contrat en donnant du plaisir à son public, qui se laisse berner – le sot ! – par des trucs et ficelles faciles.
    Mokaiesh a chanté devant un public peu concerné, sans soulever un enthousiasme délirant. Mais ce serait normal puisqu’il faut faire des efforts pour l’apprécier (pour les textes, car pour la musique, les arrangements donnaient dans le mille fois entendu, mais ça compte pas trop !).
    Les chansons du deuxième sont probablement meilleures que celles du premier, je veux bien en convenir. C’est dommage alors que le chanteur n’ait pas réussi ce jour-là à m’en convaincre…
    « L’erreur en grandissant ne devient pas vérité ». Certes. Mais comment être sûr qu’une vérité qui reste cachée n’est pas elle-même une erreur ?

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    • Michel Kemper 22 septembre 2017 à 11 h 55 min

      Relater un concert, pareil pour chroniquer un disque, n’est pas dire LA vérité. Car la vérité n’existe pas en ce domaine. C’est dire notre ressenti, honnêtement, sans tricher. J’ai beau apprécier Cyril Mokaiesh, je l’ai vu à ce jour à deux reprises en scène, en deux récitals différents : il ne m’a pas encore convaincu. C’est mon ressenti, et je ne vais pas dire le contraire histoire de faire plaisir à certains de nos lecteurs qui ne voudraient lire que du bien sur lui. Ce qui est valable pour Mokaiesh l’est tout autant de l’ensemble des artistes. Pour ma part, Bruel est un artiste intéressant qui m’intéresse peu, mais qui fait son job plutôt pas mal : il n’y a que quand il s’empare de Barbara, qu’il la vampirise, que je crie à l’imposture, au crime. J’aimerai aimer Mokaiesh plus encore et ne désespère pas.
      Et respecte le regard et les écrits des journalistes et spectateurs, même quand, au fond de moi-même, je ne suis pas tout à fait d’accord.

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  5. Fran 25 septembre 2017 à 9 h 13 min

    Ce qui sans doute déstabilise avec Mokaïesh, c’est qu’il ne cherche pas à plaire. Il livre une authenticité de textes forts, d’idées politiques qui se superposent avec son approche de l’intime et de l’humain.
    En fait, quelque part, il parle de tout ce qui peut passer pour indécent, polémique. Mais sans pour autant l’être lui-même.
    Ce qui est un équilibre difficile à trouver tant il est facile de se répandre et de devenir à force de démesure, le personnage grotesque que l’on souhaitait précisément dénoncer au départ.

    Alors bien sûr, il est au début de sa carrière, une mauvaise sono n’aide pas à l’apprécier (le texte est quand même l’intérêt majeur chez Mokaïesh). Mais il vaut le déplacement. Justement parce qu’il n’est pas sur le même profil que beaucoup d’autres. Qui savent
    enjôler mais qui ne pensent pas et ne vivent pas le cinquième de ce qu’ils chantent.

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  6. Fanfan 4 octobre 2017 à 12 h 15 min

    On a besoin de médias comme vous pour émanciper la chanson francophone !Merci !

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