Off Avignon 2017. Tagada Tsing, les voix de nos maîtres
Retour sur le Off d’Avignon, un 26 juillet 2017 au Rouge-Gorge, Avignon,
Tagada… non, nous n’avons pas affaire aux Dalton, mais à un quatuor lyonnais de clowns mi-blancs mi-noirs qui vous emporteront dans une ambiance de cinéma burlesque très années 30. Comme à l’époque, le jeu de scène emprunte encore au cinéma muet sa gestuelle appuyée, mais ici la voix prend toute son importance…
Dernier concert de cet après-midi dans ce Cabaret-Théâtre, c’est en quelque sorte le troisième volet d’une grande histoire de la musique, après celui de la chanson française, puis de la musique instrumentale.
Au tour de la voix nue, avec le survol des grands standards anglo-saxons, côté Amérique essentiellement, en polyphonies vocales.
Le quartet est composé de trois voix féminines et d’une voix masculine, ayant en commun une formation polyvalente dans le spectacle, tant musique instrumentale (interprétation, composition, arrangement) que chant (jazz, chanson), comédie et danse, et pratique pédagogique.
Hélène Piris, la blonde violoncelliste, a accompagné Frédéric Bobin ou Fred Radix (le siffleur). Elle est aussi auteur compositeur interprète de ses propres chansons (françaises) mêlées de jazz et de musique du monde.
Tamara Dannreuther, la brune guitariste anglo-française, mêle jazz et chanson, composition et théâtre.
Simon Reina-Cordoba issu de la musique classique et contemporaine donne dans le jazz, la chanson et la direction de chœur. Il prête au quartet sa voix de crooner latino et son sens de l’humour.
La danseuse, comédienne et chanteuse Géraldine Bitschy, retenue dans une autre programmation musicale, cède la scène pour la moitié des dates à une chanteuse marseillaise, Amandine Corizia, qui ne nous est pas inconnue: elle exerce ses fonctions d’auteur compositeur interprète musicienne (piano) sous le nom de Dyne. Elle trouve ici toute latitude pour exercer ses talents de comédienne comique que nous avions déjà pressentis lors de son tour de chant. C’est elle qui était présente cet après-midi.
C’est dans une mise en scène parodique d’Emmanuelle Mehring que nous parcourons l’histoire de ces standards constituant ce répertoire américain incontournable, commun à des centaines d’artistes, ces musiques que nous avons tous dans l’oreille et qui font désormais partie du patrimoine mondial.
Telle Rhum & Coca-Cola, calypso d’après guerre popularisé par les Andrew Sisters. Ou la pop Fever des années 50 (Peggy Lee) autour de Simon qui joue les gangsters tel Al Pacino dans le Parrain, entouré de sa cour de demoiselles. Pour les années 60 What a wonderful world (enregistrée par Louis Amstrong). Les variétés sont représentées pour les 70 par I will survive (Gloria Gaynor), les 80 par Time after time de Cyndi Lauper.
Le reggae Don’t worry, be happy des années 80 (Bobby McFerrin) donne lieu à un étonnant tour (au sens propre) de mouchoirs.
Les films qui ont marqué l’imaginaire de plusieurs générations sont là aussi, comme La guerre des Etoiles et sa mise en scène au sabre laser ou Titanic en berceuse comique.
Entièrement en acoustique, tout est revisité a cappella, et les interprètes quittent parfois la scène pour déambuler autour de la salle, nous laissant tout le loisir d’admirer au passage chacune des voix, la limpide mais puissante soprano d’Hélène, la voix grave et sensuelle de Tamara et celle, modulée, d’Amandine.
Ambiance entre comédie musicale et chants liturgiques, avec une série de gospels : Kumbaya (« Come by here my Lord »), Go down Moses (« Let my people go ») ou le profond Troubles of the world (« I’m going home to live with God »).
En alternance ou en chœur, avec de superbes soli, à bouche (grande) ouverte ou fermée, imitant parfois à la voix les instruments d’un jazz New Orleans, le quartet fait la preuve de son talent vocal. Poivre son spectacle d’un voile d’humour, le sucre d’une poudre magique, offre en bouquet final un pot pourri de succès.
Le parfait spectacle tout public pour une initiation musicale de qualité, entre rêve et rire.
Prochain spectacle le 21 septembre à Rillieux-la-Pape. Le site de Tagada Tsing, c’est ici.
Magnifique, quel talent!
Tout ce que j’aime…
Merci pour la découverte.