Concarneau 2017. Cécile Corbel prise dans les mailles des Filets bleus
18 août 2017, Festival des Filets bleus, Concarneau (Finistère),
Si ce n’était cette sono, imposante, qui ne sait restituer la finesse de la harpe, le délicat timbre d’une voix, le mystère d’un chant celte. Ce n’est pourtant pas bien compliqué, avec un tel et lourd matériel, de faire son boulot… Pour une fois que les cieux étaient cléments. Que même le vent, souvent mutin, ne venait jouer dans les cordes des instruments.
Ci-devant, Cécile Corbel. Et le port de Concarneau. Ici, ce sont les Filets bleus, festival grand public où se succèdent d’intéressants artistes et groupes. Hier, ce furent les Fatals Picards qui du moindre drapeau breton font une chanson, toute à l’heure The Celtic Social Club, dimanche Red Cardell…
Cécile Corbel, native de la commune voisine de Pont-Croix, est là en grande vedette, ce qu’elle est, de ce festival. D’aucuns diraient star : va pour star si ça veut dire étoile, qui scintille au firmament de la culture celte. A ses côtés, ses musiciens au violon, au violoncelle, aux percus et aux guitares. Tous à l’élégant service de la jeune dame qui chante les chimères du monde, ses légendes. Une légende dans chaque maison, sous chaque pierre, pour qui sait aller au-delà des apparences : « C’est une histoire / Du temps passé / Echappée d’un songe / Simple mensonge / Ou vérité / Pour qui veut l’entendre… » Elle est bretonne et fait le lien avec d’autres légendes venues du Japon, pareil foisonnement au service de l’imaginaire, de la presque déraison. La mer qui presque lèche la scène a bon dos, bonnes vagues pour laisser aller l’imagination. Nulle surprise à retrouver ici Les passagers du vent, où il est facile de reconnaître une des héroïnes de la série du breton François Bourgeon : « Y’a des oiseaux de mer / Sous le ciel rouge sang / Une fille solitaire / Le cœur en noir et blanc… »
L’amour prédomine dans le répertoire de Cécile Corbel. L’amour et les mystères. D’une terre ou de personnages. Belle ballade sur ces filles sans nom, réfugiées qui trimballent leur exil de ville ne ville, de la Grande famine d’Irlande aux trottoirs de Paris.
On peut faire filiation entre Cécile Corbel et la canadienne Loreena McKennit : elle sera en partie justifiée. Seule la jeunesse de Cécile Corbel (vingt-sept ans) et ce qui procède à l’ensorceleuse magie de McKennit fait différence. Mais notre bretonne a tout l’avenir devant elle. Elle est femme de rêves dans l’air du temps, elle est celte à déjà jouer dans la cour des grands. « Ma fille, ne construis pas ta maison sur des sables mouvants. A la première tempête… » chante-t-elle. Elle a construit le début de son œuvre sur de solides bases, de redoutables acquis. La Bretagne peut légitimement en être fière.
Le site de Cécile Corbel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Merci Michel pour ce beau récit. Cécile est un enchantement à chaque parole, chaque note qu’elle tire de sa harpe. Une conteuse en chanson et envoutante créatrice de son. Une magnifique et grande personne dont je ne me lasse de parler, d’écouter tellement elle humble et abordable. Depuis 9 ans que je l’ai rencontrée elle à une place a vie dans mon cœur.