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Barjac 2017. Léo par Monique Brun : l’intime des mots

Monique Brun (photo DR)

Monique Brun (photo DR)

Il y a sans doute cent mille façons de s’approprier Ferré, se le mettre en tête, en­­ voix. En général, les chanteurs le font en chantant, avec plus ou moins de bonheur, se démarquant parfois de la matrice originale, ou au contraire lui collant à la culotte. Tant ont chanté Ferré que, sans être devenu banal – les textes de Léo ne le sont jamais – , nous y sommes habitués : on se demande parfois même qui n’a pas chanté La mémoire ou la mer.

Monique Brun est chanteuse, oui. Oui, mais pas que. Elle est actrice. Ici, son décor est réduit à rien, ou pas grand’chose : une lampe, un lampadaire. Plan fixe : c’est la vie qui y entre, y court, y vit des aventures, se questionne, imagine, palabre, philosophe. C’est Léo qui parle, abondamment. De tout, de la vie, justement. De la messe comme du football, du bonheur. De sa marraine qui s’appelait Léa, que c’est d’ailleurs pour ça qu’on l’a appelé Léo… Comme un fruit mûr, Léo se confie. Des souvenirs, des textes sur des livrets, des entretiens à la presse du temps où la presse était encore la presse… Monique Brun a tout lu ou presque, sélectionné, compilé, mis bout à bout, en une séduisante perspective. Par elle Ferré se construit, se raconte, s’ouvre plus à nous. Elle, elle n’est que récitante. D’une voix presque neutre mais pleine, ample et chaleureuse. Elle est ainsi. Son Léo 38 n’est pas un spectacle même si nous sommes là, devant elle, dans notre statut de spectateurs. C’est une épure. Bien sûr, de temps en temps, pas souvent, elle fredonne des bouts de chansons « dans leur plus simple appareil » : vive le nu. De ces chansons rares, précieuses au-delà des mots et des vers, qui cheminent alors en nous comme des évidences même si nous les ignorions quelques secondes avant. Elles aussi ont l’air de la confidence, du grand secret aujourd’hui éventé, partagé : « La vie, mon voyou, ça se vend un prix fou ».

C’est paradoxal mais Monique Brun parle et chante dans le silence : elle est silence, ses mots sont doux comme si elle nous les chuchotait, à chacun d’entre nous, là, dans l’oreille. De toute façon, tout est ici paradoxe : c’est par la simplicité du propos que nous saisissons, un peu, la complexité de l’œuvre et du personnage. « Vous savez qui je suis, à présent » souffle Ferré. On en sait un peu plus, comme s’il venait de nous aider, par le truchement de Monique Brun, à faire un bout de chemin en sa compagnie. Vous dire qu’on a tout retenu, non. Le propos est dense qui désormais danse en nous, fait connexion ou pas, appelle à d’autres confidences, à l’écoute attentive de sa discographie. Mais quand même, on en sort encore plus amis, plus complices. Merci madame Brun !

 

Le site de Monique Brun, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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Une réponse à Barjac 2017. Léo par Monique Brun : l’intime des mots

  1. labeyrie babou 18 août 2017 à 22 h 14 min

    De la sobriété , de l’épure, une grande tendresse… Un véritable enchantement. Merci madame !

    Répondre

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