Chansons et Mots d’Amou 2017. Shoo-bi-doo-wah ! on y jazze !
Cette sixième édition du festival déjà réputé, créé par Jean-Pierre et Claudine Arbon, a brisé les lignes et les colonnes, éclaté les cases, jaillissant d’une géométrie éclatée, au grand dam des amateurs frileux de classification. Et pour cause : le thème abordé cette année était le jazz !
Certains esprits chagrins ou simplement passionnés diront : « Mais que vient faire le jazz dans festival de chansons et de mots ? » Il nous plait de poser autrement la question : « Pourquoi le jazz n’aurait-il pas sa place dans la chanson et même dans l’art d’assembler les mots ? »
Le jazz, né pour la liberté, n’entre pas dans une définition catégorielle. Duke Ellington disait : « le jazz, c’est toute la musique ». Il est en tout cas le sel qui accommode tous les plats et leur donne de multiples saveurs, quels que soient les genres et en particulier la chanson. Amou avait ouvert ses portes et son cœur à ce souffle libératoire en accueillant Terez Montcalm en quintet, Michel Jonasz avec Jean-Yves d’Angelo au piano, ainsi qu’une bonne douzaine d’artistes des mots et de la chanson qui savent à l’occasion mettre du jazz dans leurs prestations, en blues, en swing, en rock, en bossa, en noir, en blanc et en couleurs.
La dernière demi-journée dans les arènes méritait un coup de projecteur particulier. Après Hervé Suhubiette, imprégné d’une vitalité communicative, défiant toutes les limites visuelles et sonores habituelles, avec une rare élégance, la scène accueillait une cinquantaine d’artistes pour une création exceptionnelle.
L’Académie Charles-Cros et Chansons & Mots d’Amou se sont associés pour permettre à Merlot, artiste multi-styles, et à Ellen Birath, chanteuse de jazz franco-suédoise, de créer « Shoo-bi-doo-wah ! » avec un quartet bien assuré et la participation de l’Harmonie de Pontonx, formation landaise d’une quarantaine de musiciens, vêtus de noir et chapeautés, conduits par Jérémy Lacaze. Une expérience étonnante et parfaitement réussie. Le thème est simple : Un couple suit en chansons son histoire résumée avec humour par un narrateur, de la rencontre à la rupture et plus encore. Tout est dans le talent des chanteurs — deux voix remarquables — et des musiciens parfaitement en phase. Merlot et Ellen s’interpellent, se séduisent, se chamaillent sur un rythme trépidant, par le biais de standard de jazz plus ou moins revisités parmi lesquels se distinguent Stromaé, Claude Nougaro et même Boby Lapointe (Ça va ça vient). Un spectacle vivifiant, tonique, revigorant qui prouve que l’on peut faire de la chanson festive avec grâce et subtilité.
On sait, lorsqu’on vient à Amou que, quels que soient les genres, l’intelligence et l’élégance sont de mise, même et surtout lorsqu’il s’agit de bousculer les tabous.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Hervé Suhubiette, c’est là.
C’est fou les rencontres chansonnesques, j’ai publié hier sur le groupe NosEnchanteurs, entre autres, la magnifique version de Ça va ça vient par Imbert Imbert pour le Lapointe Repiqué :
https://www.youtube.com/watch?v=9itoPh68xng
J’aurais bien aimé y être! Jean-Pierre et Claudine sont des créatifs qui dépassent les frontières et barrières artificielles. Bravo!