Barjac 2017. Gauvain Sers… de la difficulté de l’héritage
Sauvé dans En scène, Festivals, Francis Panigada, L'Équipe
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Comparaison n’est pas raison et c’est avec des oreilles vierges sans l’influence des médias que je venais découvrir celui qu’on disait porter le flambeau d’une chanson « gavroche », marcher dans les pas d’un chanteur trébuchant mais toujours debout et présent dans les mémoires, ressurgissant tel un phénix.
Evidemment, tout pourrait paraitre « sous influence », tout nous incite à ce jeu de miroir, de La bagnole de mon père voyage au cœur des inspirations, de la chanson française au rock, en passant par les révoltes et les indignations que ce soit contre la montée du FN avec Hénin-Beaumont ou la radicalisation d’une jeunesse perdue et pervertie Mon fils est parti au djihad et en réponse l’élan national contre les attentats Entre République et Nation.
Les chroniques du quotidien sont autant de portraits en prise avec les problématiques sociales de tous ordres, condition paysanne avec l’image d’un voisin et de son tracteur, situation des sans-abri avec Clodo sur toute la ligne, mixité et diversité avec Le ventre du bus 96. On retrouve aussi les mêmes élans de tendresse et de rébellion avec Pourvu. Passons sur les rythmiques, les mélodies et la tenue de scène, casquette et guitare qui obscurcissent notre vision tant l’ombre du mentor est pressante.
Pourtant peut-on résumer le travail artistique de Gauvain Sers à cette seule impression même persistante ? L’artiste nous donne des clefs de son panthéon personnel en rendant hommage par deux fois à Leprest, dans Pourvu ou évoquant celui-ci au cabaret du Connétable, célébrant ainsi les petits lieux de chanson. Une reprise de Lily de Pierre Perret nous donne une autre piste montrant que Gauvain Sers s’inscrit bel et bien dans une lignée de chanteurs tout à la fois populaires et engagés, attentif aussi à la qualité poétique de l’écriture.
Au-delà de cet héritage revendiqué, il y a chez Gauvain Sers une vraie authenticité, une sincérité indéniable, une saine et salutaire colère, une tendresse à partager.
Pourvu que l’engouement médiatique dont il est l’objet ne l’oblige à se cantonner dans les pas d’un autre au risque d’être éphémère ;
Pourvu qu’il sache faire fructifier cet héritage et s’en affranchir pour enfin déployer ses ailes, prendre son essor libre comme l’air.
Pourvu qu’il puisse marquer la scène de sa propre empreinte, faire une chanson dont Gauvain Sers est le nom.
Pourvu qu’il démontre que son chant n’est pas vain et que sa parole sert.
Le site de Gauvain Sers, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Pourvu aussi que les inconditionnels de la chanson « de parole » pour faire simple, ne l’ignorent pas parce que les médias ont fonctionné. on regrette assez souvent que ces médias nous ignorent … C’est si rare de voir aux concerts des cheveux qui ne sont pas blancs…Et Gauvain Sers ne reproduit pas l’univers de Renaud. Il me semble qu’il a le sien et qu’on n’a pas à lui demander de « faire une chanson dont Gauvain Sers est le nom ! » C’est déjà fait.
JPaul Gallet
Je suis pleinement d’accord avec ce bel article, plein de nuances subtiles, de Francis Panigada.
Gauvain devra se détacher de l’influence renaudienne, mais il le fera sans aucun doute. Il est vrai qu’il faudra qu’il sache naviguer entre les pièges du show-business et les intolérances des aficionados, mais il semble avoir une belle intelligence et la maturité fera le reste.