Spa 2017. Pierre Rapsat, en attendant le soleil
Francofolies de Spa, 23 juillet 2017.
Dixit Wikipedia : Pierre Rapsat, né Pierre Raepsaet à Ixelles (Bruxelles) le 28 mai 1948 et mort à Verviers (Belgique) le 20 avril 2002, est un auteur-compositeur-interprète belge.
15 ans donc cette année que notre Pierrot national s’en est allé, terrassé par un crabe plus tenace qu’une cellophane de CD. Associé de la première heure des Francos de Spa, auxquelles il aura par ailleurs participé à trois reprises, il était logique de voir le festival lui rendre hommage. Il l’aura d’ailleurs fait à deux reprises. D’une part, en programmant sur la grande scène (baptisée Scène Pierre Rapsat dès son décès), en première partie de Renaud, la chorale Solaris pour un spectacle fondé exclusivement sur ses chansons. D’autre part, en incluant à l’affiche dominicale du Parc le groupe Brasero, dont le répertoire consiste en des reprises de notre chanteur.
Passons vite sur la prestation proprement dite. Brasero est un groupe-tribute, une de ces formations dont la mission première est de perpétuer l’œuvre de l’artiste, en restant le plus proche possible de l’original. Cela donne donc un concert de chansons aux orchestrations fidèles au modèle et interprétées par un chanteur au timbre de voix semblable. Quand on connaît bien l’œuvre de l’artiste mis ainsi en valeur, disons que l’intérêt est assez limité… Mais fi de ces rouspétances de vieux grognard de la chanson : le groupe n’a pas démérité (c’est bien joué et bien interprété) et, malgré la pluie battante qui l’a accompagné durant tout le concert, s’est donné à fond pour faire bouger un public un peu refroidi.
L’intérêt était toutefois ailleurs, dans l’occasion qui nous était donnée de réentendre sur scène les grandes chansons de Rapsat. Celui-ci parle-t-il encore aux jeunes générations ? Si la réponse est à trouver dans leur présence dans l’assistance, je crains qu’elle ne soit négative : nous étions entre quadras-quinquas (et plus) – comme le groupe sur scène d’ailleurs ! Dommage car les chansons de Pierre vieillissent plutôt pas mal, comme on a pu s’en rendre compte. Certaines ont un aspect vintage incontestable (New-York, par ex., tellement 70’s), mais dans l’ensemble, la musique tient le coup et les thèmes abordés par l’artiste touchaient à l’intemporalité qui permet de traverser les années. Quoi de plus actuel que le désenchantement (Illusions), les villes déshumanisées (L’enfant du 92ème), la dépression latente (Judy et Cie, petite cousine de la Mimi l’ennui de Renaud), la vie difficile des saltimbanques (Les artistes d’eau douce), l’espérance d’un autre monde (J’attends le soleil)… Ajoutons-y certains titres plus personnels, comme les Yeux d’Aurore (sur sa grand-mère espagnole qui avait fui le franquisme), un manifeste écologique (Blue note), un hymne à la paix (Ensemble), un chef-d’œuvre d’espoir (Tous les rêves)…, et vous aurez eu un aperçu assez complet de l’œuvre de l’artiste.
Bizarrement, Pierre Rapsat n’a jamais réellement réussi à sortir des frontières de la Belgique, où il était pourtant très populaire. La France l’a toujours boudé, le grand public ignorant tout de sa chanson aux couleurs rock. Allez savoir pourquoi. Probablement le caractère entier de l’artiste devait-il y être pour quelque chose (il changeait de maison de disques à chaque album, ce qui ne facilite pas la mise sur pied d’une équipe solide à même de te pousser). Tant pis pour nos voisins ! La Belgique, elle, sait très bien quel bel auteur-compositeur-interprète il fut. Puisse cette connaissance se perpétuer et se transmettre aux générations futures, que son œuvre, à découvrir et redécouvrir encore, lui survive longtemps. C’était le but poursuivi par les Francos. On ne peut qu’être d’accord !
La page Wikipédia consacrée à Pierre Rapsat, c’est ici. La page facebook de Faon Faon, c’est ici ; celle de Navii, c’est là.
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