Les Roches Celtiques 2017. Soldat Louis, cap sur Babylone
1er juillet 2017, Les Roches celtiques, Saint-Victor-sur-Loire,
À évaluer le nombre de kilomètres pour rejoindre après coup sa voiture, on peut estimer le plein succès de ces Roches Celtiques, aux Condamines, près de Saint-Étienne. La réputation du festival alliée à la force d’attraction qu’est Soldat Louis ont amené hier ces Roches à leur Zénith. Et il n’est pas sûr qu’un Zénith ait pu contenir tout le public.
Nos Soldat Louis, donc, vedettes de ce festival. Un concert haut en couleurs, sept musiciens en scène avec une nette prédominance de guitares électriques. Et, relief autant qu’identité de groupe lorientais, une fière cornemuse qui rehausse d’un coup des airs déjà entêtants et leur confère plus encore leur bretonnité. Folk, rock, chansons de marins… Soldat Louis est tout ça à la fois : « on est des éponges » me confie Serge, notre Soldat Louis. La formation absorbe les genres qu’elle recrache avec toute l’énergie dont ses membres sont capables, et j’vous raconte pas l’étendue de leurs capacités…
Ici et là, dans la foule, s’agitent des drapeaux bretons tant qu’on se croirait dans une chanson des Fatals Picards. « C’est un pays, fallait que j’t’en parle / Car j’l’ai dans l’cœur comme tu crois pas ». La Bretagne est ici chez elle, en ce territoire celte quelque peu éloigné de son épicentre. Elle, la mer, les embruns, les femmes qui restent au port, les gonzesses qu’on emmène en poster… Les chansons se suivent, d’amour et surtout d’amitié : « Auprès de ma bande qu’il fait bon, fait bon, fait bon / C’ui qui commande c’est qu’i r’met son canon ». Ça sent la douce ivresse. Du grand large, certes, mais, nichée dans leurs rimes, la mer ne semble pas les prendre si souvent. Du fond de verre surtout : le rhum et la bière, nom de Dieu ! « Encore un rhum / Et puis un rhum / Pour s’mettre la tête / Cap sur Babylone / Patron sers-moi un rhum » : si Serge est le chanteur, il laisse la fonction à Gary (qui se trouve être le parolier de la plupart des titres, qu’on connaît aussi sous son vrai nom de Renaud Detressan) sur ce titre : autre timbre cabossé, râpeux, érodé par l’alcool et le tabac sans doute. Et l’iode, qui oxyde la voix. D’ailleurs, le public ne fait-il pas des vagues, agitées par je ne sais quelles houles, qui vous foutraient presque le mal de mer ? « Oh frères du port / Nos yeux toujours chercheront / Les fleurs lancées par d’ssus bord / Recouvrant l’écume d’ajoncs ».
Vieux loups de mer ou à peine moussaillons, le public est venu chercher ici ce qu’il attend : en fait le premier album. Et Soldat Louis le sait. 29 ans déjà, bientôt un huitième album, ça vous fait pas mal de chansons. C’est dire si c’est étonnant d’assister à un concert où l’essentiel du répertoire, celui qui vraiment structure ce tour de chant, est l’entier contenu de cet album. Du rhum des femmes, Les p’tites du bout du monde, Tirer des caisses (apparemment le titre préféré du public d’hier, fin connaisseur), T’es mon secret, Trop tard, Martiniquaise, Emmène-là, Encore un rhum et l’instrumental Soldat Louis, c’est carton plein pour cet album qui a vu naître ce groupe et qui, c’est vrai, s’est vendu bien plus que les suivants. Un disque d’anthologie ? Oui, à tel point qu’il nous semble être une compilation, qu’il contient tous les fondamentaux de ce groupe. Des titres qui, à force de se frayer une route vers la tradition, se sont confondus avec.
En les écoutant, on s’imagine nous-mêmes Bretons. Et ça, ça peut nous rendre fiers.
Le site de Soldat Louis, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
Très bel article Michel, un groupe que j’adore . Je n’ai malheureusement pas eu encore la chance de les voir sur scène, je les attends avec impatience si leur rafiot vient s’ammarer en IDF pour rapporter de belles photos à Nosenchanteurs.
Je ne saurais trop conseiller aux amateurs « HAPPY…BORDÉE 20 ANS » un excellent live en version CD et DVD en commande sur leur site.