Aubercail 2017 [3/4]. Michel Boutet, voyage dans la vie
Accompagné de Lionel Dudognon aux guitares et de Kentin Juillard aux percussions, Michel Boutet offre un voyage simple dans la vie. Sans artifices, son spectacle et sa poésie parlent du quotidien et nous le rendent plus doux.
Enveloppées de mélancolie, ses chansons nous consolent des maux de l’âme : « T’es pas tellement partie loin / T’es partie pour un jour ou deux / Danser un peu dans les lointains / Et puis après ça ira mieux ». Michel Boutet, c’est le réconfort du bon copain, qui donne envie de continuer quand la belle vous a quitté. Un Brel qui parle à Jeff, un cœur gros d’humanité avec l’humour et le bon mot comme bouclier. L’esprit libertaire, volontiers provocateur mais discret, avec finesse et subtilité, Michel Boutet ne brandit qu’un seul étendard : celui du carpe diem et du vivre-ensemble, en harmonie.
Michel Boutet c’est à lui tout seul la douceur d’un voyage à la David McNeil ou l’humanité d’un Souchon. Dès les premiers titres, on a même perçu une bluesitude à la Jonasz alors que, quelques titres plus tard, Michel Boutet en fait lui-même un clin d’œil caricatural, s’étonnant d’avoir soudainement chopé le virus de la jonaszite aigüe !
Contre la haine ordinaire, on retiendra cette excellente Manouf pour tiss : « Moi même personnellement / J’suis t’un bon catholique / Baptême tout l’sacrement / En latin rien qu’du chic / J’y crois pas qu’on peut croire / Autre chose que mon Jésus / Leurs dieux tout des histoires / Vaut mieux faire une croix d’ssus ».
Chanson peu académique prend la défense de Brassens et de la chanson contre la bêtise d’un poète académicien qui déclare « …la chanson un art ? quel scandale ! une honte, une forfaiture, la lie de la littérature… » : la chanson alterne les attaques des bien-pensants crétins et les réponses d’un Brassens « La France est un joli pays quand on voit son académie on est fier, et on est pas déçu, on peu même s’asseoir dessus ». Lionel Dudognon vient ponctuer délicatement, à la Fender Telecaster, les couplets par une évocation de La mauvaise réputation et de L’Auvergnat…
C’est après une anecdote de voyage en Nouvelle-Calédonie que Michel quitte la scène. « Ces gens là ne sont pas civilisés ! / Ils laissent sur le bords des routes / Des étals de fruits où le passant / Peut se servir librement / En laissant dans une boîte en fer / La pièce pour les fruits emportés ». Voilà ce qui donne à réfléchir sur notre prétendue civilisation développée qu’on veut imposer au monde…
Le site de Michel Boutet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Les photos de ce concert par Vincent Capraro, c’est ici.
Vieux camarade qui, en partance sur des routes nordiques faisait halte à la maison. Même si ce n’était pas une maison bleue adossée à a colline, il savait qu’il ‘y avait pas de clé…
Il est resté un putain de mec généreux et talentueux. Si ces temps voulaient bien s’accorder à des temps de rêves et d’utopie, à de vraies révoltes et à des coups de gueule justifiés, alors on pourrait avancer…
Il n’a qu’une parole et sa parole est un enfant.
Je t’aime Michel.