Lady Sir : les dix-heures de la cour des grands
Gaëtan Roussel est infatigable. Il sortait à peine d’une escapade en solo, qui faisait suite à son deuxième album Orpailleur, qu’il enchaînait avec le nouveau CD de Louise Attaque (dont NosEnchanteurs vous avait chanté les louanges ici) et sa longue et triomphale tournée, achevée l’été dernier. Et le revoici déjà, avec son nouveau projet, Lady Sir, qui le verra à nouveau arpenter les scènes dans les mois à venir (avec un détour en août par la Belgique, nous y reviendrons certainement).
Kézaco, Lady Sir ? La petite entreprise est née de sa rencontre avec l’actrice Rachida Brakni, qui avait fait appel à lui pour la chanson-générique du premier film qu’elle avait réalisé. Chanson qu’elle avait interprétée avec lui, la belle ayant également le chant comme corde à son arc bien fourni (un CD sorti en 2012, réalisé sous l’égide de Cali). L’entente fut si parfaite et le mariage des voix si heureux que l’envie de poursuivre l’aventure les a saisis. C’est ainsi qu’est né le premier disque du groupe : Accidentally yours.
Les deux comparses insistent sur ce point : il ne s’agit pas d’un CD enregistré en duo, mais bien de l’œuvre d’un groupe ! A l’écoute, on ne peut qu’approuver : les deux voix se superposent sur la quasi-totalité des morceaux, formant un ensemble harmonieux. Pas question ici de chansons divisées en couplets chantés à tour de rôle. Et même si, musicalement, la patte de Gaëtan Roussel est bien évidemment prédominante et immédiatement reconnaissable, il serait faux d’en conclure que son pendant féminin s’est contenté de faire de la figuration intelligente, ayant écrit une bonne partie des textes.
Disque ouvert au métissage, mêlant le français, l’anglais et l’arabe, aux accents de pop-folk douce et porteuse de rêves et d’espace, Accidentally yours est une très belle réussite, qu’on prend plaisir à écouter plusieurs fois d’affilée sans s’en lasser, le talent mélodique du chanteur n’étant plus à démontrer. Il s’ouvre sur le morceau en anglais qui a donné son titre à l’album, un folk introduit par un harmonica digne des anciens Dylan et interprété d’une voix grave rappelant Léonard Cohen. S’ensuivront 9 autres chansons, aussi efficaces qu’inspirées. Des refrains percutants (« Le temps passe / On l’évite / Ne passons pas trop vite »), des rythmes hypnotiques (Son absence, entièrement chantée en arabe par Rachida, la voix de Gaëtan n’intervenant que sur le refrain sous-mixé), une production en béton (arrangement des cordes signé Romain Humeau)… Tout est bon chez eux, rien n’est à jeter.
Le CD s’achève sur un ironique Tout va mieux partout (On ne regarde que le flou). Le plaisir intense que procure l’écoute de ce disque brillant inciterait presque à le croire.
Lady Sir, Accidentally yours, Barclay/Universal 2017. Le facebook de Lady Sir, c’est ici.
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