Festival Dimey 2017. Troisième journée : la chanson dans tous ses états
Sauvé dans En scène, Festivals, François Bellart, L'Équipe
Tags: Barbara Weldens, Festival Dimey 2017, Les crieuses publiques, Nouvelles, Sarah Olivier, Victoria Delarozière
6 mai 2017, Festival Bernard-Dimey, Nogent,
Une des spécificités du Festival Dimey est d’avoir le souci d’animer les « entre-deux », entre deux spectacles et entre deux journées : des « troisièmes mi-temps » rassemblent après le spectacle du soir les artistes, les bénévoles et les festivaliers désireux de prolonger la fête… l’Espace Bar du Centre Sportif et Culturel Robert-Henry est le lieu de rendez-vous pour tous ces moments, et les animatrices en sont cette année une paire de filles délurées et terriblement sympathiques, Victoria Delarozière et Capucine Maillard, formant Les crieuses publiques qui chantent, poussent des cris et font faire des vocalises aux festivaliers devenus artistes le temps d’un interlude, à la plus grande joie de tous.
Et l’une des deux, Victoria Delarozière, nous a présenté son spectacle personnel en « matinée » à l’Espace Bar… Une véritable révélation et un des moments de chanson les plus enchanteurs du festival. Cette élégante jeune femme dotée d’une belle voix et d’une diction claire est entourée de deux musiciens multi-instrumentistes : Jo Zeugma contrebassiste et pianiste à l’occasion, et Pierre Guidi, guitariste qui taquine aussi brillamment le banjo et l’accordéon. Elle-même joue du piano et de l’accordéon et à eux trois, ils créent des ambiances musicales très variées qui contribuent grandement à l’agrément d’écoute des chansons. Chacune est une petite fleur chatoyante dans le joli bouquet de son récital, où l’humour, la fantaisie et l’insolite se côtoient au service d’une galerie de portraits hauts en couleurs, croqués d’une écriture alerte et pointue, et avec une construction maîtrisée jusqu’à la chute. Depuis le père qui ne maîtrise plus sa procréation (Accident), L’ogre dont elle fuit le lit, L’ordure qui exploite sa carte bleue, Léonard, con et infidèle dont elle va se venger, le narcoleptique épuisant au jour le jour, jusqu’à la belle-mère-cauchemar qui nous entraîne dans un vrai film à épisodes, il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Toutes les filières sont bonnes pour caricaturer et nous faire rire : tout est bon dans le cochon ! Mais l’anecdote cache parfois une vraie préoccupation, comme celle des sacs plastiques qui s’accumulent sous les Tropiques, une tendresse pour les Fleurs de Paris qui attendent sur le trottoir d’être cueillies, ou une belle émotion pour ce couple uni jusque dans les cendres du cimetière. Victoria Delarozière, dans la pétulance d’un spectacle de chansons emballantes, nous a fait passer un superbe moment.
La soirée commence avec une autre artiste originale à souhait, Barbara Weldens ; la féminité jusque dans la formation qui l’accompagne, avec Marion Diaques au violon et à la complicité, et Barbara Hammadi, superbe pianiste attentive et fidèle à tous les écarts et toutes les improvisations de la chanteuse. Barbara Weldens, c’est d’abord une voix d’une puissance et d’une tessiture dont elle va user toute la soirée au service de ses chansons. Cette capacité d’envolées lyriques, de poussées jusqu’au cri, va donner le ton du spectacle et contribuer à sa signification. Outre la voix, l’énergie de la chanteuse se dépense tous azimuts, dans sa gestuelle incessante, dans sa mobilité sur scène et dans le public.
Tout cela au service d’une problématique qui habite pratiquement toutes les chansons : l’homme, la femme, l’amour, la part de masculinité chez la femme et inversement : elle s’interroge sur l’homme avec un grand H, sur ses nichons si plats qu’ils permettent à l’autre d’entendre son cœur, sur les abandons (Je ne veux pas de ton amour), sur les rêves non accomplis accrochés à ses flancs, sur le fait d’être femme et de devenir homme avec le macho qui l’habite. Barbara Weldens, c’est une chanson existentielle, une force de vie et de questionnements, un volcan…
La seconde partie de la soirée fut consacrée au rock bien trempé (guitare et basse électriques et batterie) autour d’une chanteuse suisse, Sarah Olivier, dont l’énergie et les musiques appelaient à danser plus qu’à défendre des textes. Un autre état de la chanson, toujours défendu par une femme…
Le site des Crieuses publiques, c’est ici ; celui de Victoria Delarozière, c’est là. Le site de Barbara Weldens, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Sarah Olivier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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