Festival Dimey 2017. Deuxième journée, l’école de la scène…
5 mai 2017, Festival Bernard-Dimey, Nogent,
Le festival Dimey fait le plein de la salle de 400 places en cette soirée qui s’annonce pleine de disparité et de surprises…
Clio est la première à monter sur scène. Elle est précédée d’une belle réputation : finaliste de plusieurs tremplins, auteure d’un premier CD très remarqué, on a hâte de découvrir davantage l’univers de cette jeune artiste. Une voix douce, une écriture faite de suggestions, d’images, d’évocations. Dans ses chansons, elle plante le décor, les personnages et le contexte et laisse ensuite l’action s’épanouir en évocations, sollicitant l’imagination de l’auditeur… et puis, elle reprend la main à la chute et propose sa conclusion. C’est peu de dire que son premier CD est séduisant, et qu’à ce titre il lui a valu plusieurs entretiens fouillés, dans « Hexagone » par exemple… Beau démarrage pour une débutante ! Elle me rappelle, tant par ses musiques que par son style, les débuts de Vincent Delerm… On est curieux de la façon dont elle va amener le public dans son univers, dont elle va lui donner quelques clés pour en appréhender les contours et le faire sien. Autant l’écrire tout de suite, on est déçus ! Elle est accompagnée de deux excellents musiciens, le pianiste Etienne Champollion et le guitariste Paul Roman qui créent un emballage musical très pertinent… mais peut-être un peu trop enveloppant pour la voix peu puissante de la chanteuse. Laquelle visiblement n’a pas étudié sa présence en scène. Elle reste tout le concert figée dans les cinquante centimètres qui séparent son tabouret du micro. Elle enchaîne les chansons sans présentation, sans communication avec le public, sans indice pour préparer l’auditeur à rentrer dedans, et comme elle articule mal, il est difficile d’en comprendre le propos… Reste un climat sonore de qualité, mais on était venu pour des chansons ! Et comme le seul titre (Eric Rohmer est mort) intelligible de bout en bout est celui qu’elle a chanté avec sa seule guitare, on pense que cette formule guitare-voix sied beaucoup mieux à son répertoire, tant qu’elle n’a pas cherché à travailler sa mise en scène et son articulation. Les organisateurs qui, avec raison, avaient misé sur cette jeune artiste attachante sont désappointés. Mais n’est-ce pas aussi une des missions de ce festival de donner à des débutants l’expérience d’une scène devant un public habituellement bienveillant, de s’exposer alors à une critique qui se veut constructive, et d’en profiter pour progresser ?
La seconde artiste de la soirée est Maggy Bolle : le contraste est saisissant ! Elle n’a pas de leçons de présence en scène à recevoir. Avec son alter ego musicien Maxou, à la guitare, à la contrebasse et ponctuellement à l’accordéon, elle occupe l’espace visuel et sonore. Et ils communiquent spontanément avec des mots et des jeux de mots extraits du vocabulaire de tous les jours de préférence scabreux. Les chansons, toujours présentées avec parfois quelque grivoiserie, sont écrites avec le langage du premier degré, et décrivent des personnages ou des situations du quotidien sans faire précisément dans la suggestion. Les musiques et les arrangements sont bien réglés, et l’écueil est, dans ce cas, la vitesse d’élocution : ça va si vite qu’on manque parfois quelques jeux de mots… Qu’importe, entre la vieille qui drague, le plombier qui débouche les canalisations, les politicards pourris, les régimes basses calories et les gros cons, la petite galerie de portraits qui nous est proposée dans un langage fleuri frôle un peu la saturation. Ça et là, une chanson d’inspiration plus noble vient rehausser le niveau du répertoire, comme par exemple sur la maladie de Lyme, ou cette petite fille écœurée par le spectacle du monde et qui dit à sa maman « On s’en va loin de ce qui m’attend« . Globalement, on est là un peu dans l’excès de langage lourdaud, de logorrhée et de chansons au premier degré. Et c’est de ce côté-là que viendront les possibilités de progression et d’ouverture à plus de publics de chansons. Quant on vous dit que le Festival Dimey est aussi une école de la scène…
Le site de Clio, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Maggy Bolle, c’est ici.
Intéressants ces commentaires de François Bellart, et tout aussi intéressants mais bien discordants ceux de Claude Fèvre, charmée par Clio :
http://chantercestlancerdesballes.fr/festival-bernard-dimey-2017-charme-retrouve-de-clio/
Discordant aussi avec d’autres articles sur Clio publiés par NosEnchanteurs : relisez ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/tag/clio/. Et là est la richesse de NosEnchanteurs, de par la diversité des avis qui y sont exprimés, sans langue de bois, sans se forcer à épouser l’air du temps.
J’ai eu l’opportunité de découvrir Maggy Bolle dans une petite salle de Besançon il y a quelques années.
Comme l’écrit « NosEchanteurs » pour la présence sur scène, elle n’a de leçons à recevoir de personnne.
Elle emporte l’adhésion du public avec toute la fougue de son enthousiasme !
Et si comme le laisse supposer la critique du chroniqueur, il est peu probable qu’elle entre un jour à l’ « Académie française », il est tout aussi probable qu’elle s’en fout éperdument !
Cependant elle réjouit et remplit très certainement bien plus les salles que ne le feraient ces académiciens.
Pas si discordant que ça : « Sans effets, ni gestes, ni déplacements, Clio dévide ses chansons, debout derrière son micro qu’elle enlace de la conque de ses deux mains, ou bien assise sur un tabouret haut. Ce sont autant de dessins, parfois juste des esquisses qu’elle agrémente des couleurs tendres que viennent ajouter les instruments. « Claude Fèvre.
Après, elle parle de sa fragilité, de ses mots (qu’elle a réussi à comprendre, mais peut-être avait-elle les textes), de son écriture délicate. Ce qui donne pour Claude, « un indicible charme ». Un autre ressenti.
La prestation suivante, si différente, a eu pour elle un effet dissonant.
Telles sont les différences de sensibilité.