Oisy-le-Verger 2017. David Sire, pour petits et grands
Le petit festival exemplaire d’Oisy-le-Verger dans le Pas-de-Calais, dont NosEnchanteurs s’est déjà fait l’écho l’an passé, a d’abord accueilli cette année David Sire pour deux étapes, l’une avec les enfants des écoles et l’autre pour tous les habitants…
Bonne pioche pour les mômes qui adhèrent bien au spectacle C’est de famille où David Sire et sa guitare – alias Titi – et son acolyte Pierre Caillot aux percussions – alias Zinzin – emballent une salle remplie par les classes primaires de l’école du village. Dès la première chanson pleine d’allitérations avec la lettre « z », ils zozotent et zézaient et les zygomatiques entrent en action : le ton est donné, il y aura du rythme, du rire, et aussi, en creux, de l’empathie comme par exemple pour cette dernière lettre de l’alphabet, souvent reléguée aux oubliettes. Les enfants sont surtout sensibles aux mouvements des deux artistes qui n’épargnent pas leur peine. Ils interpellent la salle et la prennent à parti ; elle réagit au quart de tour, répond avec enthousiasme et claque des mains en rythme avec Zinzin dès qu’une chanson le permet. Des accessoires, comme une cage de perroquet, une scie musicale, des chaussures à talon dans lesquelles on boit, étonnent les écoliers qui manifestent leur admiration en riant de bon cœur… Les chansons sont étonnamment bien ciblées, on dirait que leur inspiration a été récoltée dans la cour de récréation : on parle du papa qui va t’écrabouiller si tu joues les andouilles, de l’odeur dégagée par celui qui a lâché une flatulence, des pieds des grandes personnes qu’on peut aller sentir sous la table ou de la loterie de son nom propre qui peut être parfois plus dur à porter que Martin ou Dupont. Et tout cela sur de belles mélodies, bien rythmées par la guitare et le petit tambour de Pierre Caillot. Entre les chansons, des petits sketchs à plusieurs destinations à la fois, dont les mimes font rire les plus jeunes et dont la signification n’échappe pas aux plus âgés (les gestes évoquant une belle fille qui passe).
Mais le spectacle prend une autre dimension avec certaines chansons sur un tempo un peu plus lent, qui ne rencontrent pas d’écho chez tous, mais qui abordent des questions plus intimes. Ainsi cette réflexion de l’élève puni, « au piquet devant le placard » qui met ce temps à profit pour s’évader dans sa tête, ou de cet autre dont les parents se séparent et qui se demande « Ça s’achète où … un peu d’amour » pour le leur redonner… Et si la plupart des écoliers, au cours du spectacle, passent à côté de ces perles, leurs professeurs peuvent les reprendre ensuite en classe et faire découvrir aux petites oreilles que la chanson peut exprimer des plaisirs, mais aussi des sentiments, des désarrois, voire des chagrins… et que déjà les entendre formulés sous forme d’une chanson peut aider à les assumer. Car, en prolongement, il existe un livre-disque du spectacle avec les textes magnifiquement illustrés, que les maîtres peuvent acquérir et utiliser dans leur classe. Le futur public se forme là, dans la joie de découvrir d’autres ressorts, plus émouvants et profonds apportés par ces chansons d’apparence faciles. Et déjà convaincue, la chorale des Colibris d’Oisy-le-Verger se livre au plaisir d’interpréter et de mettre en scène devant l’artiste ému et emballé, une de ses chansons évoquant les rapports entre frères et sœurs : une bien belle conclusion à cette prestation ! Les enfants sont heureux et fiers de côtoyer le chanteur !
Le lendemain soir, après la chorale des Colibris, David Sire et son super guitariste Fred Bouchain donnent pour tous les villageois le spectacle qui a déjà été récemment relaté dans NosEnchanteurs. Ils nous emmènent par leur abattage incessant, dans un mode parallèle et surréaliste symbolisé par ces petits bidules de ballons gonflés par divers moyens : il suffit de peu de chose, d’une ouverture et d’un peu d’air pur pour passer d’un état flaccide et déprimé à un volume de plaisir insoupçonné, à cet optimisme qui sourd de toutes les chansons rassemblées dans le dernier disque de David déjà chroniqué. Gros succès auprès des habitants du bourg et des environs venus remplir la salle des fêtes. Et un choix judicieux de programmation de la part de Marc-Antoine et Catherine Bilot et de Françoise Hautfenne, les promoteurs et artisans bénévoles de ce festival hors-normes qui réjouit notre campagne des « Hauts-de-France ».
Le site de David Sire, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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