Avec le temps 2017. Fishbach, même pas peur
10 mars 2017, festival Avec le temps, Espace Julien à Marseille,
En têtes d’affiche d’Avec le temps, l’Espace Julien tout grand ouvert aux agités debout, voici le programme dans le sens du vent de ce Festival, susceptible de fédérer jeunes et vieux (ex fan des sixties voire des eighties) autour d’une programmation de chanson pop-rock-électro en français. On y croise des messieurs aux cheveux blancs en jeans et baskets rouges, des quadras punks et graciles, des motards, des intellos branchés, et des amateurs de bonne bière autant que de musique qui bouge.
Venant d’un petit lieu où vous avez les artistes sur les genoux ou sur votre table, après une quinzaine de minute de marche vers le centre alternatif de Marseille (heureusement le printemps avait pris de l’avance), il va falloir vous habituer à recevoir les portes battantes dans la gu… et des coups de coude dans les côtes si vous voulez voir un peu mieux la scène de ce triple plateau d’artistes, placée très haut au-dessus de la foule debout, et malheureusement très loin, sauf à être aux trois premiers rangs, mais alors vous serez dessous. Pour peu qu’un grand… N’essayez pas de prendre des photos, ou alors des petits éclairs souvenirs, même les pros ont du mal.
Donc triple plateau ce soir, qui commence en retard et dans le désordre avec Fishbach, déjà programmée l’an dernier en découverte à la Mesón. Annoncée comme pratiquant une électro pop « noircie au vice et au mauvais sang » révélation des Transmusicales de Rennes, cette grande fille mince aux cheveux châtain fait irrésistiblement penser à la Catherine Ringer des Rita Mitsuko au même âge, tant par le physique, que par la voix, grave et un peu rauque et sa façon de la poser. La jeune femme de 25 ans a montré dans ses nombreux interviews dans les médias de l’assurance, un caractère indépendant et une certaine maturité, et affiché son désir d’expériences musicales et vocales multiples. Pourquoi alors sur scène a-t-on parfois l’impression d’un produit formaté ?
Les synthés des années 80 qui font le cœur de sa musique donnent un côté artificiel, la voix aux multiples possibilités, pas toujours très audible, n’est pas mise en valeur et le jeu de scène, assuré voire affecté et sans émotion, semble surtout toucher ceux qui aiment le dancefloor, et il y en a pas mal dans le public. Ils ont l’air enchantés, pendant que moi je m’ennuie ferme pendant qu’elle psalmodie « Personne ne luiiii jette un sort et elle s’endort ». Moi presque ! On peut regarder de loin les allers et venues avec le micro, admirer la guitare losangée, la bassiste en salopette, ou le claviériste et son chapeau, et les jeux de lumières en persiennes bleues ou violettes qui suscitent une envie de sieste.
C’est d’autant plus dommage que l’album a quelques trouvailles textuelles intéressantes et une inspiration cohérente quoique noircie à dessein. Pendant que la chanteuse hurle « On me nomme la mort » ma voisine cherche sa copine, mais je ne suis pas sûre qu’elle soit consciente de l’ambiance Halloween des textes. Quant à Night bird de Lavilliers au rythme lancinant, devenu Petit monstre, chanté en se tortillant et en souriant et sur un musique electro répétitive il perd toute la force de ce « Je connais la nuit de ta mort ».
Mortel se révèle… mortel alors que je vous laisse l’apprécier en vidéo dans de meilleures conditions (à l’Opéra de Rennes). A la demande du public Une autre que moi finit le concert « Elancée comme une guerrière dans la mêlée ». Sans doute pas la meilleure configuration pour apprécier Fishbach.
Le site de Fishbach, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a dit, c’est là.
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