Gianmaria Testa, l’intégrale pour premier anniversaire
« Encore un instant / Et tu seras comme la pluie / Qui lave les trottoirs / Coule sur nos visages / Juste un instant / Et tu seras comme la pluie / Pour un amour de sable… »
Il cumula quinze ans durant le noble métier de chef de gare la nuit et celui, plus aventureux et paradoxalement plus voyageur, de chanteur le jour. Chanteur dont la réputation dépassa vite les frontières alpines : c’est en France, à l’étonnante configuration ferroviaire, qu’il mena l’essentiel de sa carrière (c’est ici qu’il publia son premier album, Montgolfières, dont nous allions sans mal tomber sous le charme). A croire que nous aimons ici, plus encore qu’ailleurs, ces singers crooners italiens, les Paolo Conte et Roberto Sironi. C’est parce qu’il chanta à l’Olympia, en 1997, que la presse italienne commença à s’intéresser à lui…
Gianmaria a pris son dernier train il y a un an. Mourir à cinquante-sept ans, ce fut sa première erreur d’aiguillage.
Savait-il le cadeau que sa maison de disques lui ferait pour son premier anniversaire, celui d’après ? Deux coffrets, amical et respectueux salut pour lui, trésors pour nous. En fait, l’intégrale discographique de Testa. Le premier rassemblant les sept albums studio, de Montgolfières, en 1995, à Vitamia, en 2011. Le second, « live & altro », où, à côté d’enregistrements publics, on (re)trouve Gianmaria Testa dans un hommage très jazz à Léo Ferré, en français dans le texte. Intéressant de l’entendre reprendre Avec le temps, Monsieur Williams ou Les poètes… Les amateurs de Ferré apprécieront.
En deux trois traits, il était facile d’en faire le portrait. Deux ronds pour ses fines lunettes cerclées un rien intello et un coup de brosse pour l’épaisse moustache poivre et sel. Peindre ses chansons n’était guère plus complexe : il suffisait de posséder de fins pinceaux, plumes et crayons, des pastels à profusion et un nuancier gourmand.
Testa était un amoureux. Du verbe et des notes, c’est évident. Et de ces mots d’amour qui gonflent ses vers. Amour, mélancolie, et parfois d’autres sujets, comme celui des migrants qui baigne l’album Da quasta parte del mare : « Mais ce n’était pas ainsi / Qu’on m’avait dit la mer / Non ce n’était pas ainsi / Et du reste la nuit / Que veux-tu donc voir / Ici quelqu’un crie / Pour dire qu’il est tard / Et qu’il faut partir… »
Ces coffrets nous offrent le Piémontais tel qu’on ne le savait pas : les textes des chansons y sont tous, en version originale, il va sans dire, mais aussi en français, en allemand et en anglais. On a beau aimer la musicalité des mots, les laisser ainsi s’exprimer, il est bien parfois, au final, de les lire, de les comprendre et d’ainsi plus encore pénétrer l’œuvre de l’artiste.
Très bel hommage, qui sort en commerce ce jour, pile un an après.
Gianmaria Testa, En studio (7 CD) et Live&altro (4 CD), Le Chant du Monde 2017. Le site de Gianmaria Testa, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Gianmaria Testa, c’est là.
En cadeau Gianmaria Testa chantant Ferré, dans l’album F.à Léo (2008) qui n’est pas dans l’intégrale.
http://www.deezer.com/album/256576?utm_source=deezer&utm_content=album-256576&utm_term=400312655_1490887422&utm_medium=web
et particulièrement Les forains
https://www.youtube.com/watch?v=lx4zJvwO-zg
je découvre cette superbe chanson « les Forains », interprétée
majestueusement par Gianmaria Testa.
J’adore!
Merci Catherine et aussi Michel pour son bel hommage à ce chanteur italien.
Ce fut une grande chance de l’écouter à Barjac. Un grand monsieur qui est parti bien trop vite » verso le stelle,! Grazie mille per tutte queste canzoni ! Ciao poeta !