Chants de Mars 2017. Carmen Maria Vega : un roman gothique
24 mars, Les Chants de Mars, Le Transbordeur à Lyon,
Samedi, le club Transbo s’est transformé en écrin pour la chanteuse lyonnaise et son « champignon » de guitariste.
Attente, longue attente, avant que Carmen Maria Vega ne déploie ses ailes noires et son drôle de truc en plumes sur les Chants de mars. Crucifix au néon, costume d’ébène et lumières carmin, le ton est donné. « J’écrirai mon odyssée / À l’encre de ma rage », prévient la chanteuse au timbre si particulier. De sa voix, la belle en joue avec brio, égrenant en surprenants basculements le registre lyrique, l’ampleur réaliste et sa puissance rock très seventies.
Le vibrato sonne haut lorsqu’elle tourne les pages de son roman intime. « Je ne suis pas cette femme / Qui lâche ses rêves à la première rafale. » Commence alors le voyage en introspection, retour aux origines, du vécu, du réel, émouvant et rythmé. Enfin… Rythmé lorsque Kim Giani lâche les accords de sa guitare en rageuses envolées, rendant hélas un peu ardue l’écoute des paroles. Bémol au concert de louanges, pour qui ne connaît pas le texte pourtant si beau, le fil se perd parfois, on se raccroche aux mots perçus de-ci, de-là.
« Ne cherchez pas du sens partout tout le temps », nous dit la demoiselle, icône infernale en résilles et guêpière. « Profitez de la vie, laissez-vous faire », on veut bien, mais assis ! Parce que, contrairement aux inconditionnels qui battaient la mesure, leur tête en balancier (une fois trouvé le tempo, il suffit de faire de même en sens inverse afin de ne pas perdre aussi la vision de la scène), la station debout éprouve. On a bien envie de bouger, mais encore faudrait-il que la mesure nous happe plus sûrement, comme avec ce délicieux « l’honneur / Quelle connerie l’honneur / l’honneur / Mon cul l’honneur ». Un franc succès pour le coup.
Carmen Maria Vega ne manque cependant pas de présence, loin de là. Provocante et drôle, héritière à ses heures d’une Nina Hagen assagie et de Rita Mitsouko revisités, elle excelle en rétro déjanté sur un « thème aigre-doux ». Elle pulse l’atmosphère, « l’argot a des mots doux / Auxquels je voue ma préférence », Si l’on me déguise en conne, théâtrales sorties et esprit cabaret. « Je ne connais toujours pas / Le secret de mon identité » : du Guatemala aux Minguettes, de l’adoption d’une enfant volée à sa mère à son ascension des dernières années, on suit le parcours.
Trois rappels, des applaudissements nourris, « une petite danse débile pour la joie » et l’ange noir referme ses ailes.
Le site de Carmen Marias Vega, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Zim : chansons upercut
« Quand je monte sur scène, les premières notes me rassurent à peine. » Eh bien, nous, si ! Découverte totale que cette première partie qui a boosté le Club Transbo. Guitare et contrebasse, Zim et Rémi (Videira), duo lyonnais au flow qui swingue, sacré rythme qui embarque la salle dès le deuxième morceau. Waouh, c’est bon !
Du rap, du slam, du jazz, reggae pas loin, beatbox en battle : un orchestre à eux deux, une trompette, un solo de caisse claire balayée, illusion de virtuoses hommes-instruments. Smartphones en l’air, la nuit malgache de Veloma vasa, « bidonville », « vie fragile », et la douceur éclaire le club. Changement de style mais pas de complicité avec un entraînant C’est la loose qui reste en tête à peine écouté : « Écouter Zim vous chanter des conneries / C’est la loose, mec. » Que non, que non. On en redemande, sautillant, battant le rythme, marquant le tempo et reprenant les airs.
Tiens, mais, n’est-ce pas la définition d’un beau concert ? Si. Et dommage que ce ne soit qu’un avant-goût de la soirée… Les urbains jazzy nous ont séduits !
Commentaires récents