Mèche, miel d’amour amer
4 mars 2017, MJC de Venelles,
Co-plateau entièrement féminin (l’autre, c’est Lily Luca) ce soir à Venelles, dans la lignée et l’inspiration de leurs glorieuses aînées telles Anne Sylvestre, mais avec déjà une personnalité bien développée. La difficulté de ce type de programmation est de trouver un juste équilibre entre les artistes et de placer un répertoire dans un temps forcément raccourci. Choix différents de ces deux jeunes femmes que tout rapproche et tout oppose.
Mèche, nom de scène de Clémence Chevreau, en première partie, évolue actuellement en solo avec sa guitare électrique toute blanche en bandoulière. Ce qui donne un concert plus intimiste qu’avec son ancien groupe rock. Mini-robe noire pailletée, blonde aux longs cheveux, un sourire ingénu, presque timide, elle a choisi de chanter beaucoup et de parler peu. Cela lui permet de placer une quinzaine de titres qui constitueraient sans nul doute un fort bel album sur la mélancolie des sentiments amoureux.
Dans l’univers de Mèche, les matins sont lumineux, mais les soirs tombent trop vite, les amours ne durent qu’une nuit d’hiver glacée, que le temps d’une rose, abandonnent tout espoir dans le gris du ciel et le givre de l’automne, « Je suis le présent que tu ne reçois plus ». Les filles y attendent des princes charmants qui ne viennent pas (Prince-moi a reçu en 2016 le Prix de la meilleure chanson originale du Centre de la chanson). La voix parlée, au bord des larmes se casse d’émotion avant de s’élancer, exquise, aérienne, modulée dans les aigus, infléchie dans les graves « Ben oui c’est moi, la belle aux utopies / Nourrie aux contes de fées, à la mélancolie / Silence, prince-moi, je rêve trop ! »
De jolies mélodies où la guitare sait se faire délicate ou rythme des envols puissants, planants. L’écriture est originale, sensible, capable d’exprimer à l’infini ce désir d’être aimée qui vous fait vous attaquer à des passions trop grandes pour vous. La sirène y aime un marin insaisissable, « un visage avec vue sur la mer », s’accroche, espère, avant de comprendre : « Tu vois, l’eau fait du vague sur ton langage / Tu vois l’eau fait des vagues sur mon visage / Et j’aime pas ton message ».
L’auteur, telle un peintre, fait surgir des images, des pluies d’étoiles filantes, des avalanches de miel, soleil et fleurs qui ne parviennent pourtant pas à éloigner les gros nuages…
Si vous pensiez « Rire aux éclats quand tu fais des nœuds à ma vie », c’est pour vous retrouver devant une triste marionnette, une poupée broutille qui a perdu le fil de sa vie. Mèche a une touchante façon d’insinuer ses émotions, une force fragile qui séduit.
Le choix de la seule chanson qui ne soit pas d’elle confirme ce spleen amoureux, puisqu’il s’agit de Je l’aime à mourir de Francis Cabrel interprétée avec toute les nuances nécessaires.
La guitare de l’artiste ne serait-elle pas le seul objet d’amour qui ne la déçoit pas, celle pour qui elle a pris « La foudre dans un bois / L’électricité par les doigts » ? À moins que ce ne soit cette Maman-oiseau (dédiée à sa propre Maman, un amour qui ne déçoit pas) qui déploie ses ailes au-dessus du piano, souvenir d’un temps où Clémence se produisait en piano-voix.
Petite note d’espoir en rappel pour cette mélopée, chanson–broderie, dentelle de tissu doux pour les mains de son amour, « On se tricotera dès ce soir de beaux demains ».
La page facebook de Mèche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Une autre chanson du concert :
Pour une nuit d’hiver
https://www.youtube.com/watch?v=uyho3_YQiUg