Paris Bohême, attention au départ !
L’habit ne fait pas le moine, dit-on. Certes. Il n’empêche que, parfois, la première impression visuelle se vérifie par la suite, le contenant reflétant parfaitement le contenu.
Prenez par exemple la découverte du jour, un groupe qui nous vient de Boulogne-sur-Mer. Son nom ? Paris Bohême. Tout un programme, non ? Qui évoque la capitale, haut lieu du cosmopolitisme, et le voyage. Qui rappelle évidemment Aznavour et son célébrissime tube. Et de ce fait une certaine idée de la chanson française, pas spécialement moderne. Qui laisse croire, par l’emploi d’un terme un peu désuet (dans son sens adjectival : qui se qualifierait encore de « bohême » ?), associé à la ville des titis, des guinguettes et des accordéons au coin de la rue, qu’on a probablement affaire à un groupe flirtant avec la musique traditionnelle plutôt qu’à un groupe garage jouant du hard rock échevelé.
L’impression est par ailleurs renforcée par la jolie pochette de ce premier CD, intitulé A l’abri : un chariot-roulotte coloré transformé en montgolfière survole la grise ville de Paris. L’objet est soigné (même s’il faut déplorer de trop nombreuses fautes d’orthographe dans le livret). La liberté, la poésie, la légèreté devraient donc être au rendez-vous…
Et vous savez quoi ? On a juste sur toute la ligne !
Paris Bohême, ce sont quatre personnes réunies pour nous offrir une parenthèse de bonheur. Une chanteuse (également auteure des textes), un guitariste (qui se charge aussi des compositions), un violoncelliste et une accordéoniste. Formation classique pour des chansons qui ne le sont pas moins. L’oreille ne s’effraie pas, nous sommes en terrain connu. Mais pourquoi se plaindrait-on de goûter à un plat du terroir, s’il a été concocté avec compétence et inspiration ? La musique aux accents jazzy (voire traditionnels dans un titre comme Respire) swingue donc à souhait, au service de paroles bien tournées. On y chante bien évidemment l’amour (Cache-moi / Juste au creux de tes bras / Serre-moi / Surtout ne te lasse pas), avec intensité, quand il est le seul espoir de contrer la camarde (Envoyer valser les faux semblants / Puisqu’on ne sait jamais / Ce qu’est l’instant d’après) ou avec humour quand les difficultés de communication empêchent la naissance d’une belle histoire (Le voisin, Balade au 19). Sans qu’il permette pourtant d’occulter notre monde actuel et son lot d’injustices : chômage (avec Hervéou le triste récit d’un licencieur licencié), immigration (Du Soudan jusqu’au Togo / Du Laos au Pakistan / Comme Paris semble beau / Comme Paris semble grand) ou les attentats en terrasse (A toi)…
CD autoproduit avec l’aide d’un financement participatif, en vente sur le site du groupe ou à ses concerts, A l’abri, mérite une oreille curieuse. Souhaitons à Paris Bohême qu’elles soient nombreuses au rendez-vous.
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