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Léo et Georges toujours à l’étal des librairies

Le timbre édité par La Poste le 12 septembre dernier,  à l'occasion des 100 ans de Ferré

Le timbre édité par La Poste le 12 septembre dernier, à l’occasion des 100 ans de Ferré. Dessin Christian Guémy

Les deux chanteurs ayant le plus grand nombre de livres sur eux sont, sans conteste, Georges Brassens et Léo Ferré (Johnny Hallyday aussi mais, voyez-vous, à de rares exceptions près, ce ne sont pas les mêmes types d’ouvrages, pas la même teneur, le même sérieux, la même distance, le même public). Tant qu’il existe, pour chacun des deux, une ou deux revues (Les amis de Georges, Les Copains d’la neuille et Les cahiers d’études Léo Ferré) qui recensent leur actualité posthume. Chaque année, les rayonnages de la bibliothèque chanson grossissent de quelques nouveaux livres sur l’un et sur l’autre. Avec chaque fois un argument ou un angle de tir différent des précédents.

L’automne dernier n’a pas échappé à cette règle. Pas besoin même de convoquer un anniversaire pour aider à la vente, bien que nous ayions commémoré le 35e anniversaire de la mort de Brassens et le 100e de la naissance de Ferré : ces deux-là sont à eux seuls une substantielle subdivision de la littérature chanson.

jrvVous allez me dire qu’on a déjà tout dit sur eux, que tout ne peut être que redite. Ou alors doctes thèses universitaires aux mots savants que le fan de base ne lira jamais. Eh ben non. Ainsi, l’événement éditorial concernant le natif de Sète tient en ce beau gros bouquin, paru dans la bien nommée collection Bouquins : Georges Brassens, J’ai rendez-vous avec vous. Ce n’est autre que l’intégrale (1) des chansons (paroles et musiques) de Brassens, avec grilles harmoniques (suites d’accords) et tablatures (accompagnement, mélodie et texte sous la mélodie). Il s’agit là d’un travail de titan d’autant qu’il est précédé d’un « roman-méthode » de 186 pages pour « apprendre à jouer [ces] 136 chansons ». Et qu’il compte 100 pages de fiches techniques auxquelles vous ajoutez un mémento des accords, un glossaires, des annexes et un utile index. En tout 1230 pages qu’on doit certes à Brassens mais, pour le coup, aussi et surtout à Yves Uzureau, grand amateur de Brassens devant l’Eternel, lui-même chanteur et fameux repreneur du chanteur à la pipe (un dont le travail est le plus original et convaincant). Avec François Morel à la préface, Alexis HK au prologue et Jean-Paul Liégeois à la direction artistique, vous avez là un nouveau livre-monument qu’il serait dommage de louper.

9782749150963WEBAu souvenir que j’en ai, le journaliste-biographe Daniel Pantchenko n’a pas toujours apprécié ces artistes qui chantent le poing levé (ce n’est pas sous sa plume qu’on a parlé de Serge Utgé-Royo et de Christian Paccoud sur Chorus). Ce qui ne l’a pas empêché de proposer des textes à Francesca Solleville. Et dernièrement d’écrire ce Léo Ferré sur le boulevard du Crime. Basta. Ce bouquin (2), qui tient plus du beau gros dossier que du livre, nous fait revivre les années du TLP-Déjazet, sujet par ailleurs passionnant, avec d’abord et avant tout Ferré sur cette scène un temps libertaire, seule salle restant encore sur le fameux boulevard du crime (d’où le titre). Beaucoup de témoignages rendent vivante cette évocation. Sans nullement vouloir minorer cet ouvrage, son intérêt tient tout autant au DVD inédit offert (film de Raphaël Caussimon), captation du concert (27 chansons) de Léo Ferré au TLP-Déjazet en mai 1988 : un document exceptionnel !

droit de reponse ferrePlus pointu en revanche est ce Léo Ferré, droit de réponse ! de Franz Vaillant aux Editions du Petit Véhicule. A la lecture d’un papier défavorable à Ferré, Brassens lui avait écrit : « Ne t’en fais pas pour ce que racontent les pisse-copies ». Brassens appelait ainsi les échotiers qui n’étaient pas de son goût. Maintenant qu’il est sous terre, que la mémoire l’a quasi-mué en monument national, il ne viendrait plus à l’idée de la presse (qui du reste ne s’intéresse plus vraiment à la chanson) d’esquinter Ferré, de le railler. Tel n’était pourtant pas le cas de son vivant, Ferré ayant souvent été la cible de critiques ayant pignon sur rotative.

Ce « droit de réponse » de Frantz Vaillant nous remémore ces rapports souvent contrariés, mais pas toujours. « Son combat (…) au sein de la sphère médiatique qui pour le moins a manqué de discernement, fait preuve parfois d’un manque de lucidité total avec son corollaire l’expression d’une méchanceté jalouse, hargneuse, voire dangereuse. Léo Ferré a été contraint de faire face à tant de malveillance ! Il les affronta avec honneur, clairvoyance et perspicacité. Mais pourquoi tant de hargne ? » écrit Luc Vidal dans son « avant-lire ». L’oeuvre-vie de Ferré est ici restituée fidèlement. Avec, parfois en fac simile, les pièces du « procès ». Ouvrage passionnant.

 

Georges Brassens, J’ai rendez-vous avec vous, Robert Laffont 2016, 1230 pages, 30 €. Daniel Pantchenko, Léo Ferré sur le boulevard du crime, Cherche-Midi 2016, 224 pages, 21 €. Frantz Vaillant, Léo Ferré, droit de réponse !, Editions du Petit Véhicule, 140 pages, 25 €. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Brassens, c’est ici ; ce que nous avons dit de Léo Ferré, c’est là.

1. En fait d’intégrale, il ne s’agit là que des chansons parues sur les douze disques de Brassens. L’intégrale des textes de Brassens, inédits discographiques inclus, existe, au Cherche-midi éditeur ; 2. Sous la direction, encore, de Jean-Paul Liégeois.

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Une réponse à Léo et Georges toujours à l’étal des librairies

  1. Alain Lanatrix 22 février 2017 à 12 h 30 min

    Voilà un article très intéressant et avec deux vidéos dans des styles bien différents.
    Ces deux icônes de la chanson française méritent bien qu’encore et encore on écrive sur eux.
    Et surtout qu’on les écoute.

    Répondre

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