Barbara, de par Dieu, par tous les dieux
Sauvé dans Lancer de disque
Tags: Barbara, Brigitte Lecoq, Gérard Depardieu, Nouvelles
Il y a Patrick Bruel. Si nous voulons rester amis, oublions.
Voici Gérard Depardieu. De par Dieu.
Je me souviens – c’était il y a un peu plus de trente ans – de Lily Passion (photo ci-contre). Dont paradoxalement il ne me reste pas grand’chose. Sinon quelques notes, une île aux mimosas, une ambiance… Et l’obsédante image du déjà imposant Depardieu en scène, aux pieds de Barbara. Dans l’humilité, le presque effacement, au seul service de la chanteuse. Ce fut exemplaire de modestie, de dignité. « Imagine que tu m’aies trouvée / Et qu’il ne soit pas trop tard / Pour le temps qu’il me reste à vivre / J’amarrerais mon piano ivre / Pour pouvoir vivre avec toi / Sur ton île aux mimosas ». Entre tous, un spectacle magique…
Longtemps après que la poète ait disparu, revoici le monstre, le glouton, l’épicurien, à nouveau au service de la longue dame brune, celle de ses pensées.
Sur le disque, sur l’affiche, pas même la gueule du repreneur : seul le dessin épuré d’un piano noir. Pas le même besoin d’identification qu’un Bruel (aïe, il me revient !), sans doute pas le même public, la même exigence. Depardieu ne fait pas son chiffre d’affaires avec Barbara, lui n’en a pas besoin : il témoigne simplement d’un amour, un vrai. On devine qu’en ce qui le concerne c’est sincère.
Il a en lui, dans son coffre, sur sa treille, le potentiel des Choeurs de l’armée du rouge : à porter sa voix très loin. Mais c’est tout en retenue, en douceur – parfois, à peine, un furtif trait de tumulte -, en tendresse qu’il parle-chante, lui le pas-chanteur qui pourtant nous enchante dans ce rôle à contre-emploi, dans ces chansons féminines, ces fragiles dentelles, soieries et organdi.
Ce n’est pas tant qu’il fait l’acteur, ou alors c’est le cœur de l’acteur, son palpitant. Il se contente d’être l’émouvant Depardieu, dans un de ses meilleurs rôles.
On s’attachera sans doute à des petites choses, mais c’est sur le piano de la chanteuse que Gérard Daguerre, son pianiste des quinze dernières années, déroule les notes. Comme la reprise d’un chant juste interrompu… Une petite cantate, L’aigle noir, Nantes, La solitude, Drouot, Le soleil noir, Au bois de Saint-Amand, Ma plus belle histoire d’amour… Et Précy prélude, dans la demeure de Barbara.
Un album et sa concrétisation sur scène, aux Bouffes du Nord, où, chaque séance à guichet fermé, le monstre de tendresse s’est donné, a restitué Barbara. Spectacle sans artifice, dans la presque pénombre, où les rares éclairages dessinent les silhouettes du chanteur et de son complice pianiste. Des chansons (plus que sur l’album) entrecoupées de témoignages. Depardieu ose même nous parler à la place de l’absente. Rien que de l’émotion.
Il faut s’attendre en ce millésime anniversaire à nombre de publications sur Barbara, disques comme livres. Si tous ont cette qualité, ce respect, cette douceur, ce talent, on ne s’en plaindra pas. Mais pas sûr que ce soit toujours le cas.
Gérard Depardieu chante Barbara, CD ou double 33 tours Believe 2017. Ce que NosEnchanteurs à déjà écrit sur Barbara et ses repreneurs, c’est ici.
Hier Fabienne Thibeault disait avoir passé » une délicieuse soirée aux Bouffes du nord, que Depardieu chante Barbara, « avec majesté et simplicité ». Tu confirmes aujourd’hui dans ce très bel article . J’avais des réticences à y aller… voilà que maintenant je regrette.
Pour les amoureux de Barbara n’oublions pas les spectacles de la jeune Angelina Wismes, grosse claque émotionnelle garantie.
L’album : imparfait, parlé, chanté, essouflé, éraillé, inégal, et pourtant des moments de pure grâce. Quoi qu’on pense du personnage que joue maintenant Depardieu dans la vie, l’émotion est là. C’est une prestation de comédien, pas de chanteur, comme celle de Philippe Léotard ou de Reggiani. L’île aux mimosas, Mémoire, Drouot, Le soleil noir, A force de (texte de Guillaume Depardieu) … autant de redécouvertes.
On peut écouter deux jolis extraits de Brigitte Lecoq « Avec Barbara » ici :
https://www.youtube.com/watch?v=YXFBGmF6U_4
bravo et merci Michel pour ce bel article; Depardieu confirme qu’il est un acteur géant
Oui, oubliez Bruel… Mais que diable allait il faire dans cette galère?… devinez, pardi !
Imaginez ce que pourrait donner un CD de Brigitte Lecoq avec le dixième des moyens de Bruel !
Son hommage à Barbara est un petit moment de grâce et de pur bonheur, sans chichi, sans manières, plein de respect et d’émotion, sans jamais tomber dans la caricature et l’imitation.
C’est très bien fait, avec les moyens du bord.
L’émotion passe aussi sur scène, avec la talentueuse complicité de son excellent pianiste Jacky le Poittevin. Courez écouter et voir Brigitte Lecoq, car si vous attendez les programmateurs pour la connaitre, c’est pas gagné !
Je trouve le commentaire sur BRIGITTE LECOQ très irrespectueux sur le travail de l’Artiste.Je suis allé écouter ce spectacle « AVEC BARBARA »et personnellement j’en suis ressorti avec une très grande émotion.Je conseille d’aller découvrir ce spectacle qui ne tombe ni dans l’imitation, ni dans la caricature mais tout simplement présenté dans le respect de la Grande Dame. Bravo également à GERARD DEPARDIEU pour ses lectures théâtralisées des textes de BARBARA.
Qu’appelez-vous « commentaire » ? Ce que vous venez d’écrire est un commentaire. L’article (ici en encadré) est un article. De même, un spectacle est un spectacle, un disque est un disque : veuillez à ne pas mélanger, ça peut être très différent. Qu’il y a-t-il d’irrespectueux à donner un avis ? Quand bien même (et ce n’est pas le cas) je n’aurai pas aimé ce disque, en quoi serai-je fautif, irrespectueux ? L’irrespect, pour le coup généralisé, serait d’ignorer ce disque, de n’en point parler. Non, nous en parlons. Vous devriez vous en féliciter, Jipi.
Dites, il n’est pas interdit de signer de son vrai nom, c’est même plus franc, plus honnête. Je n’ose dire mais je le pense : plus respectueux.
Merci pour vos gentils commentaires, vous pourrez me retrouver avec le désir de bien faire, de bien chanter, évidemment mais surtout, « AVEC BARBARA » et Jacky Le Poittevin au piano. Le 7 avril 2017 à 20h30 AU POINCONNET (Châteauroux 36) dans la programmation officielle de “l’ASPHODÈLE” – Puis le 20 mai 2017 dans la programmation Culturelle de LOCHES (37) à l’Espace AGNÈS SOREL – 20h30 – A très bientôt.