La piste d’envol d’Ivan Tirtiaux
Liège, le Hangar, 11 février 2017,
Double soirée chanson en ce samedi soir. C’est au Hangar que cela se passait, un bel endroit liégeois multiculturel, accueillant expos, marchés artisanaux, concerts ou soirées privées. Une jolie salle de contenance moyenne, rehaussée par la présence en son centre d’un grand feu ouvert, apportant chaleur, lumière et magie (quoi de plus merveilleux qu’un feu de bois ?). Un bel écrin pour des concerts intimistes et acoustiques.
A l’affiche ce soir, chacun dans une formule solo, un breton de Liège Erwan#Erwan (voir encadré) et le carolo-bruxellois Ivan Tirtiaux.
Armé de sa guitare, fine moustache à la Errol Flynn, sourire éclatant, l’artiste inspire d’emblée la sympathie. Sa tâche n’est pourtant pas facile ce soir, le public ne le connaissant ni d’Eve ni d’Adam (car soyons honnête, c’est la première partie qui avait ramené la majeure partie du public, proximité aidant) et son répertoire n’étant pas de ceux qui se gravent instantanément dans l’oreille, qu’on reprend en chœur ou qu’on accompagne de battements de mains. Ivan Tirtiaux donne plutôt dans la chanson poétique, qui privilégie une écoute attentive et l’abandon à l’ésotérisme ambiant. Pas de rythmes trépidants, même si certains titres aux sonorités brésiliennes secouent quelque peu les semelles. L’accompagnement à la seule guitare contribue évidemment à cette sobriété imposée et on peut supposer que l’atmosphère s’avère plus enjouée lorsqu’il se produit entouré de musiciens.
Cette rigueur musicale ne fait heureusement pas obstacle à l’appréciation des morceaux de l’artiste. Principalement issus de son premier CD paru en 2014, L’envol, les chansons évoquent l’errance (Les océans), le printemps pourri (Charlatan), le dérèglement climatique (Présage), les aurores à travers le monde (La marche du soleil, magnifiques paroles de Polo, cet auteur bien trop méconnu)… On l’aura compris : rien de narratif ni d’anecdotique, peu de chanson révélatrices de l’intimité du chanteur… Le sourire n’est guère plus au rendez-vous (le chanteur ne nous a-t-il pas avoué que les chansons tristes le rendaient heureux ?), sauf à l’occasion d’une ode à la procrastination (Pourquoi remettre à demain ?), interprétée au pandeiro (vous pouvez parler de « tambourin », c’est bien aussi !). Deux très beaux titres appelés à figurer sur un prochain album (L’oasis, sur son grand-père amoureux des roses, et La plage, qui aborde par le biais de vacances en Italie le drame des immigrants retrouvés noyés sur les plages) indiquent pourtant un léger changement de cap et l’emprunt d’une route plus ouverte et accessible, qui pourrait le mener à toucher un plus large public.
Au final, une bien belle soirée en compagnie d’un artiste attachant, toujours en recherche et dont on se dit que le meilleur est à venir. Découvrez-le dès maintenant, vous pourrez ainsi plus tard vous vanter d’avoir été précurseur.
Le site d’Ivan Tirtiaux, c’est ici ; la page facebook d’Erwan#Erwan, c’est là. Ci-dessous un clip d’Ivan Tirtiaux ainsi qu’un autre de l’ancienne formation d’Erwan#Erwan :
Commentaires récents