Le dessin de Lolita fait Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz !
Tout a commencé dans un TGV. La jeune dessinatrice châlonnaise, Lolita Roger, écoute Gainsbourg. Voyage onirique. Et voilà que sa main, guidée par l’émotion, nous livre les premiers crayonnés de cette longue liste de dessins en rouge, noir et blanc sur l’œuvre de l’homme à la tête de chou. C’est d’abord une exposition des dessins qui a permis au public de découvrir l’univers de Lolita, puis, très vite, un projet de livre a vu le jour, soutenu par les contributeurs d’une plate-forme participative. 69 Gainsbourg est un recueil de 69 illustrations des chansons du grand Serge qui fait suite à son premier ouvrage, Douces rebellitudes, préfacé par François Corbier.
Page après page, on se laisse porter par les lignes douces et rondes du dessin de Lolita. Les volutes de fumée de Gitane enveloppent comme un écrin les ladies (héroïnes), toutes ces figures féminines emblématiques des chansons de Gainsbourg, ses muses, les Marylou, les Lola Rastaquouère, Emmanuelle, Johnny Jane, Melody… Si Jane Birkin, bouleversante, chante Serge comme personne, avec une sensibilité à fleur de peau, Lolita réussit cette même performance à travers son dessin. Tout y est, la sensualité comme la poésie omniprésente. Lolita s’est immergée dans le monde de Gainsbourg qu’elle évoque brillamment avec le rouge violent de la passion et le noir de l’anarchie. Le dessin de Lolita n’est pas si loin de l’univers de la photo de Doisneau. L’humain au centre et l’esthétique au service de la révolte et de l’émotion. On pense à l’accordéoniste de la rue Mouffetard, à Prévert, à Gréco…
Si le dessin peut sembler parfois naïf, ne nous y trompons pas. On devine une vraie fausse candeur au service d’un esprit libre et rebelle. Le livre est dédié à Cabu : rien de bien étonnant, la filiation artistique est évidente. Lolita a rejoint ce cercle très précieux des grands dessinateurs libertaires que nous aimons – Marc Large et Jean Marc Héran -, d’autres mutins passionnés de chanson. Jamais cet « art mineur » n’aura autant inspiré les dessinateurs majeurs, les plus talentueux, comme pour faire mentir Lucien Ginsburg qui, en son temps, avait brûlé ses propres toiles.
Plus qu’un hommage à l’oeuvre de Gainsbourg, qui aura inspiré tant d’artistes, c’est un voyage très personnel et singulier que nous offre Lolita à travers son dessin. On prend très en avance notre billet pour de prochaines destinations… peut-être dans le paysage des chansons de Renaud ou sur les bords des précipices de la folie d’un Thiéfaine… (à suivre)
Alors, pour l’heure, ne vous déplaise, en dansant La Javanaise, nous aimons, Le temps de ces 69 chansons.
Lolita Roger, 69 Gainsbourg, La bande du 9, 2016. Pour se procurer ce livre, c’est ici. On peut aussi le commander par courriel à lecrayondelola@gmail.com. Le site de Lolita Roger, c’est là. Dédicaces à venir : à Courtisols le 5 février 2017, à Bruxelles le 12 février, à la Librairie du Mau de Châlons-en-Champagne le 18 février 2017.
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