Dick Annegarn : twistons pour vivre heureux (malgré tout)
Dix-huitième album studio de notre Hollandais d’adoption qui, au passage, quitte Tôt au tard après vingt ans de fidèle compagnon- nage. Le créateur qu’il est du Festival du verbe (pour amoureux des mots, à Laffite-Toupière, en Haute-Garonne) vient de signer chez Musique sauvage, joli nom qui lui va si bien.
Nombre de disques récents ou à venir portent dans leurs sillons les traces barbares d’un 7 janvier, d’un 13 novembre, d’un 22 mars, d’un 14 juillet. De douleurs collectives, d’une ambiance particulière, cumul d’inquiétants cumulus. Pas tout à fait avec Dick Annegarn, enfin… Lui, même si « la nature est dure / et pire que ça », tente de faire résolument l’exact contraire, contrecarrant ces nuages noirs par ce twist, pour lui « culture de l’insouciance, du jeu de la gouaille, de la provocation ».
Les chansons de ce disque seraient pour la plupart légères, primesautières. Radieuses. Quand bien même Luxembourg est, elle, mélancolique, le ton, les intonations, la façon de chanter nous ramènent volontiers à un passé lointain fait de géraniums, de belles vallées, d’une mouche et d’un bébé éléphant. En fait, de cette alchimie alambiquée qui évoque le meilleur de Dick Annegarn et avec laquelle il semble renouer.
Repli sur soi ? Non : une réponse parmi d’autres, presque un acte de survie. Lui dont la chanson Bruxelles est incidemment devenue un hommage depuis les attentats belges, tente d’insuffler dans ses petites chansons un peu de bonhommie. Aux matins blêmes, il en oppose d’autres, possiblement radieux. Même s’il a « peur de tout / j’ai peur de rien / j’ai peur du quotidien / j’ai peur des loups / j’ai peur des chiens / j’ai peur des assassins (…) j’ai peur des fous de dieu », il fait sien le Vous n’aurez pas ma haine d’Antoine Leiris après le 13 novembre.
Influencé que je suis sans doute par le prière d’insérer joint au CD, je m’aperçois que, complice, j’essaye de vous décrire un disque serein, hors du temps, hors des événements. Malgré ce titre d’une insouciance retrouvée, on plonge de plus en plus, à chaque nouvelle écoute de ce disque, dans l’angoisse, le stress auxquels Dick Annegarn tente en vain d’échapper.
Dick Annegarn, Twist, Musique sauvage/[pias] 2016. Le site de Dick Annegarn, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Toutes les photos de Vincent Capraro au New Morning, c’est ici.
C’est toujours avec un très grand plaisir que nous retrouvons Dick Annegarn et je vais immédiatement partager cet article qui va faire quelques heureuses et heureux