Muriel Déléan, l’invitation aux voyages

Il en faut du courage pour monter sur une scène et interpréter devant des inconnus les chansons qu’on a écrites et composées ! C’est peut-être le sentiment que veut nous faire partager Muriel Déléan avec la photo choisie pour illustrer son premier CD : équilibriste sur un fil… Fil tendu entre elle et nous qui s’avère être large passerelle où peuvent circuler émotions et sentiments.

Ses textes sont une invitation aux voyages. Parfois intérieur, comme celui du titre qui donne son nom à l’album, Je chevauche la brume : « Il n’y a plus de mots pour te dire / Il n’y a plus de mots pour t’écrire / Mais ces jours, ces instants, ces années / Toutes nos secondes d’éternité« . Parfois c’est un vrai départ pour ailleurs (Dans un murmure) : « Immensité balayée par le sable / Dans ta poussière, la lumière et le vent / Dans un murmure, je m’embarque et voyage / Et dans un rire, ton prénom comme un lien / Dans un murmure, ton prénom comme un lien ». Ou simplement velléité de départ (Me laisserais-tu aller ?) : « Mais je sais bien que j’ai peur, au  fond / De devoir avancer sans toi / De te lâcher la main / Mais je sais bien que j’ai peur, tu vois / De devoir avancer sans toi ».

Au détour de chaque texte, il y a l’amour, le désir, l’envie de rencontrer l’autre… spirituellement ou amicalement. Comme ce Petit pêcheur croisé au bord de l’eau, ou ce vieux monsieur s’ennuyant, Une rose à la boutonnière (que je verrais bien retrouver, sur un banc de sa maison de retraite, Yvette, la vieille dame sur le récent disque de Michèle Bernard), regrettant le « bon vieux temps / Des coups de gueule et des potes d’antan / Du vin et des sardines grillées / Dont il aimait les régaler« . Il y a aussi en ce disque beaucoup de sagesse : « Pose pas ton bonheur n’importe où / L’amour fait souvent des jaloux / Pose pas ton bonheur n’importe où / L’amour nous joue souvent des tours« .

Musicalement, ça tient la route : Muriel sait s’entourer ! Jean-Marie Reboul au piano, Laurent Kraif aux percussions, Moussa Bouhadra à la guitare : tous habillent les textes de rythmes et de pulsations jazz, swing ou bossa qui donnent une irrésistible envie de claquer des doigts (attention si vous l’écoutez en conduisant !).

Nul doute que c’est à eux que le dernier titre de l’album, Ta musique et mes mots, rend hommage : « Émotions portés par la vague / Frissons qui surgissent et se gavent / Du swing qui passe, du son qui claque / Ton sourire et tes mains qui dansent / Qui jouent des mots, qui jouent mezzo / Qui courent sur des notes trop blanches / Elles m’ensorcèlent et elles cavalent / Elles se moquent bien du fil de l’eau / Amour musique, amour magique / Gorgées de noir, elles virent tragiques ».

L’artiste se produit plutôt du côté de la Savoie ou de l’Isère, de la Drôme… Je ne saurais trop conseiller de garder son nom en mémoire pour avoir l’occasion de l’applaudir sur scène.

Muriel Déléan, Je chevauche la brume, autoproduit 2016. Le site de Muriel Déléan, c’est ici.