Les Tit’Nassels, déflagrations en plein cœur
Le grand tournant des Tit’Nassels, le duo des environs de Roanne, fut celui de 2013, quand Axl (Aurélien pour l’état civil) et Sophie décidèrent, après neuf albums (compiles incluses), de doubler la mise, à l’occasion du précédent et bien nommé album, Soyons fous. De passer à quatre, avec l’apport de Romain Garcia à la basse et de David Granier à la batterie, et ce indépendamment d’autres musiciens, autres instruments, pour les besoins des enregistrements studio.
Forcément plus pêchu que dans sa formule initiale, le quatuor sort donc son second album, sans que l’alchimie première en soit totalement modifiée. Les Tit’Nassels font des p’tites chansons où se croisent et s’entrechoquent en permanence les futilités et les choses graves de la vie, la lumière et le sombre. Et toutes les valeurs de gris. Avec cependant un peu plus de gris que d’habitude : l’air du temps est assombri et ce ne sont pas que par des particules fines : « J’entends, des je t’aime, je te mens / Merci pour ce moment / Je touche, ma tablette en déroute / Qui photoshope les doutes / Je sens, poudre d’insoumission / Puis des déflagrations… »
Depuis deux ans (Charlie, Nice, Bataclan…) nos têtes résonnent du bruit de l’horreur. Nul ne s’en étonnera que cette « époque bien maussade où la haine prend du grade » trouve ici écho, tant le répertoire des Tit’Nassels est sensible : « J’ai tout oublié, que tuer pour des idées ça rendait les mains sales / Et que mourir pour Dieu ça lavait pas les âmes ». Le disque est nimbé de ça, jusqu’au souci de protéger l’enfant des « images-attentats » déversées en continu sur les écrans.
Plus que d’autres, certaines chansons nous atteignent en plein cœur. En plein cœur, c’est justement la chanson titre, qui nous parle d’amour. D’amour et de haine, « parade nuptiale ou danse macabre », valse des sentiments. Qu’on trouve aussi dans Quitte-moi, plutôt dans quelles seraient les raisons de [se] quitter : « [si je] Reprends ma carte au PS / Croque dans une autre paire de fesses / Si j’chante avec Nolwenn Leroy / Quitte moi / Si tu m’offres un aspi pour Noël / Regardes Bourdin sur BFM / Si je vote pour Marine Le Pen / Bah là j’me quitte moi-même ».
Bien qu’ils soient désormais quatre, Axl et Sophie font duo, sur scène uniquement. Et de tels duos sont rares ; eux sont uniques. Bien sûr, l’éternel thème de l’amour court dans leurs vers mais autre chose les animent. Ces citoyens-chanteurs ont bien plus de choses encore à dire. Et ne s’en privent pas. Chaque livraison d’un nouvel album est pour eux, pour nous, l’occasion de prendre le pouls de notre société, de compter nos maux, de prendre date. Sous des dehors apparemment pas farouches, eux se permettent de faire chroniques de notre monde. Et, ma foi, ils visent bien.
Les Tit’Nassels, En plein cœur, at(h)ome 2016. Le site des Tit’Nassels, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. En concert le 23 janvier 2017 au Divan du Monde, à Paris ; le 4 février au festival Musikenvil de Villefontaine ; le 16 février au Rabelais, à Meythet.
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