Olivia Ruiz, dame-oiselle à l’âme dentelle
« Quand je suis face à toi je m’incendie / Je sais que j’existe et je me sens jolie / Je suis nue devant toi je m’électrifie / Le désir m’affole, me saisit… » C’est un album qui sent l’amour, des lits dévêtus, un, deux corps qui s’enchevêtrent, qui s’aiment et s’aimantent l’un l’autre, des nuits qui s’enfilent aux jours « mais le jour se lève encore / il faut remettre ses habits ». Disque d’amour mais disque de femme. De femme et de mère, ode s’il en est à la féminité, à la maternité, pour Olivia Ruiz qui a fait son bébé (Nino, à qui elle dédie une chanson) au mitan de cet album qui sent tant, s’entend, l’amante autant que la maman.
Instinctif et obsessionnel, libre, fait tant de certitudes que de doutes, c’est un disque de désir, d’attirance, de besoin charnel, de cette aventure de couple pas gagnée d’avance dans laquelle on se lance : « Quand tu m’effleures je ne suis plus moi / Ma chair s’éveille de son coma ». C’est bien l’épiderme féminin qu’on chante ici, ses frissons sous la caresse, tant que le partenaire n’est étrangement pas nommé, jamais genré.
Ce cinquième album de notre femme Chocolat et miss météore (le troisième où elle ne chante que ses propres textes), après Le calme et la tempête d’il y a quatre ans, est peut-être le plus abouti, le plus maitrisé. Comme l’est ce corps dans le combat et l’audace de l’amour : « Pas un credo, plus que l’envie / Je baise donc je suis / Ça réveille mon cœur / Quand il s’est assoupi. »
Tout est bon en cet opus, en cet écrin. Et parfois plus, comme Le blanc du plafond (« Notre amour a fini dans l’eau bleue d’un puits sans fond / Dilué le poison délétère / Je me noie dans le blanc du plafond / Le châtiment est sévère / De ne savoir te dire non »), petit bijou composé par Annika and The Forest. Au générique, notons aussi la participation de Zazie, de Cali et de Guilhem Valayé.
« Olivia Ruiz chante les métamorphoses, les corps qui ne sont rien sans esprit, le combat pour accepter que les miroirs ne disent pas toujours la vérité, la force, les cojones (elle n’en manque assurément pas), pour offrir au monde ses créations, la fragile oxygène, tous ces regards qui comptent, qui sauvent ou qui terrassent. Toutes ces choses que l’on tente avec une boule au ventre et qui nous élèvent » nous affirme le prière d’insérer de ce disque. Ce n’est pas faux.
Olivia Ruiz, A nos corps-aimants, Polydor/Universal 2016. Le site d’Olivia Ruiz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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