Barjac 2017 : en voici la programmation !

Scène au sommet chez les Morel : Gérard et François (photos DR et Jean-Christophe Marmara)

L’actualité de la chanson n’est pas forcément joyeuse : depuis quelques années, chaque saison nous amène son lot de fermetures de festivals et de salles. Les supports d’information ont quasiment tous déserté les rangs et font ainsi le choix de la chanson dominante que vous savez, ignorant – méprisant même – avec superbe l’essentiel d’une chanson qui, à défaut de plateaux télé ou de quelques articles dans la presse papier, tente de labourer le terrain, apprend le maquis, trouve de nouvelles scènes chez l’habitant, directement de l’artiste au consommateur, en circuit court.

BARJAC 2017 : LE PROGRAMME
Samedi 29 juillet 2017
17 h. Ouverture avec la Compagnie Mine de Rien (Chansons à roulettes) ;
21 h 30. « Un Morel peut en cacher un autre » : Gérard Morel + François Morel ;
0 h 30. L’école des Comptoirs, chapiteau.
Dimanche 30 juillet
10 h 49. « Les Rencontres de 11 h moins 11 » ;
12 h 16. « Les apéros du midi Cèze » (le rendez-vous ludique autour de l’histoire de la chanson et d’un vin gouleyant) ;
15 h « Les mômes piaffent » : Flavia Perez ;
15 h « Les effeuillages poétiques » : Monique Brun Léo 38 ;
17 h, 18 h 30, « Les découvertes des Pradets » : Lise Martin + Gauvain Sers ;
21 h 30 : « L’émoi des mots » Barbara Weldens (photo ci-dessus) + Yves Jamait ;
0 h 30 : « La scène ouverte du minuit trente ».
Lundi 31 juillet
10 h 49. « Les Rencontres de 11 h moins 11 » ;
12 h 30. Remise du Prix Jacques-Douai ;
15 h « Les mômes piaffent » : Flavia Perez ;
15 h « Les effeuillages poétiques » : Monique Brun Léo 38 ;
17 h, 18 h 30, « Les découvertes des Pradets » : Nicolas Bacchus + Les Têtes de Linette ;
21 h 30 : « Sur le fil de la poésie » B comme Fontaine (Hervé Suhubiette) + Véronique Pestel ;
0 h 30 : « La scène ouverte du minuit trente ».
Mardi 1er août
10 h 49. « Les Rencontres de 11 h moins 11 » ;
12 h 16. « Les apéros du midi Cèze » ;
15 h « Les mômes piaffent » : Coline Malice ;
15 h « Les effeuillages poétiques » : Monique Brun Léo 38 ;
17 h, 18 h 30, « Les découvertes des Pradets » : Vincent Tronc + Christina Rosmini ;
21 h 30 : « Les déchirures de l’ombre » Missonne + Cyril Mokaiesh et Giovanni Mirabassi ;
0 h 30 : « La scène ouverte du minuit trente ».
Mercredi 2 août
10 h 49. « Les Rencontres de 11 h moins 11 » ;
12 h 16. « Les apéros du midi Cèze » ;
15 h « Les effeuillages poétiques » : Jean Vasca ;
17 h, 18 h 30, « Les découvertes des Pradets » : Monsieur Roux et Boule + Gatshen’s ;
21 h 30 : « Un pont entre deux rives » Mehdi Kruger + La Mal coiffée ;
0 h 30 : « La scène ouverte du minuit trente ».
Jeudi 3 août
10 h 49. « Les Rencontres de 11 h moins 11 » ;
12 h 16. « Les apéros du midi Cèze » ;
15 h « Les effeuillages poétiques » : Jean Vasca ;
17 h, 18 h 30, « Les découvertes des Pradets » : Marie Coutant + Frédéric Bobin ;
21 h 30 : « Un air de famille » Volo + Les Joyeux urbains ;
0 h 30 : « L’épilogue gourmand » ! tour de bal… et douceurs du palais.

Dans cette actualité chanson qui fait grise mine, l’annonce, avant les fêtes, du programme du 23e festival de Barjac est une bonne nouvelle. Elle démontre la vitalité de cette manifestation qui, après de récents soubresauts qui ont fait débat dans le microcosme, pète la forme comme jamais.

Depuis cette année 2016, ce festival se nomme Barjac m’en chante ! Il fait tout autant son délice de chansons qu’auparavant : « de parole » ou « de caractère », c’est toujours la même chanson. Ou alors il faut m’expliquer…

Barjac, c’est le festival amiral d’une chanson plurielle qui vit à l’ombre du succès qu’elle mériterait. Si les gens des médias étaient hommes et femmes de culture, si le bizness n’avait pas mis ses sales pattes de partout, si on ne lui faisait pas constants obstacles, voici cette chanson qui pourrait, qui devrait logiquement arriver à vos oreilles.

Un cercle de chanteurs disparus des écrans, inconnus ? Non, une chanson vivante, régénérée, créative. Mais qui ne peut vivre dans un permanent entre-soi, sauf à vouloir se faire hara-kiri. Qui chaque année s’étale ici, non à la manière d’un catalogue qu’on feuillette, mais plutôt comme une récolte dont nous sommes invités à remporter des graines pour les semer à notre retour.

C’est le second « Barjac » de Jean-Claude Barens, l’homme qui, vingt ans durant, dirigea avec grande intelligence le FestiVal de Marne. Son premier, en août, fut un galop d’essai : il lui fallait sentir les lieux. Et faire connaissance avec ce public qui, chaque été, roule des centaines de bornes pour être là, fidèle. Un repérage vécu en acteur particulièrement impliqué. Il savait que l’édition suivante serait plus proche de ce qu’il souhaite : la « touche Barens » (lire encadré en bas de cet article) dit-il lui-même avec humour. C’est au volant de sa voiture, à son retour de Barjac l’été dernier, que l’essentiel de la cuvée 2017 est née, s’est imposée sur son dictaphone. La voici. L’annonce est en avance, dès ce début décembre, pour que chacun prenne date.

La programmation de Barjac m’en chante 2017 est plus copieuse encore que la précédente. Et subtilement agencée. Le festivalier sera plus sollicité encore et, pour la première fois, sera amené, en début d’après-midi, à faire des choix artistiques. Pour qui ne vient dans cette cité du Gard que pour la chanson, les six jours de Barjac seront éprouvants. Trente concerts en cinq jours ! Les nouveaux rendez-vous créés lors de l’édition précédente sont maintenus, amplifiés même. Les Rencontres du 11’11 gagnent vingt-deux minutes et deviennent celles du 11 heures moins 11. La Basse-cour (la cour de l’école) accueille trois jours durant des spectacles pour enfants (qui feront aussi la joie des grands) avec, cette année, Coline Malice, Flavia Perez ainsi que le Stéphanois Gil Chovet dont NosEnchanteurs a souvent parlé : on en est gaga ! D’ici aux grandes vacances, des ateliers d’écriture chanson auront été menés en milieu scolaire à Barjac et, ça, c’est nouveau et c’est une bonne nouvelle !

Coline Malice… pour jeune public

Simultanément au « jeune public » de la Basse-cour, la salle Regain (une centaine de places) qui en fin de matinée accueillera les désormais traditionnelles rencontres, verra aussi « Les effeuillages poétiques ». C’est nouveau. Monique Brun en sera à l’affiche trois jours durant pour son « Léo 38, Ferré a capella ». Et Jean Vasca les deux jours suivants, ce qui sera un singulier événement. Outre le fait que Vasca, après la sortie de son ultime CD, Saluts, il y a quelques mois, met un terme définitif à sa carrière (ce seraient donc ses deux ultimes concerts), qu’il a un public fidèle, c’est lui qui, avec le maire Édouard Chaulet, a créé le festival de Barjac en 1992, qui alors s’intitulait « En chanson dans le texte ».

Les frères Volovitch (Volo) en final du festival

Des années durant, Barjac était censé se reconnaître en une phrase souvent absconse (portée même en tee-shirts) qu’on était prié de prendre pour subtil fil rouge fédérateur. Sans lien de cause à conséquence, l’édition à venir réhabilite le sens de la formule qui, chaque soir différente, va unir, réunir, les artistes sur la scène du château. Pas bien compliquée la formule quand elle nous dit qu’« Un Morel peut en cacher un autre » pour nous annoncer Gérard Morel et François Morel sur la même scène (un événement que cette soirée-là !) ou qu’elle voit « Un air de famille » entre Volo et Les Joyeux Urbains. Plus poétique sur « L’émoi des mots » qui peut unir Barbara Weldens et Yves Jamait, généreuse et nécessaire quand il s’agit de dresser « Un pont entre deux rives » et d’accueillir Medhi Kruger (singulière révélation de l’édition précédente, tant qu’il revient, cette fois-ci dans la cour des grands) et La Mal Coiffée. Évident quand, « Sur le fil de la poésie », Brigitte Fontaine (pcc Hervé Suhubiette, enfin invité à Barjac !) rencontre Véronique Pestel.

A ses cimaises, Barjac 2017 accrochera deux expositions. L’une de photographies sur Léo Ferré par Francis Vernhet (ex-Chorus), l’autre sur les trente ans du Festival de Marne.

Cette programmation a tous les atours d’une très grande édition, où tout est pensé, où nul artiste n’est programmé par hasard. Comme l’an passé, nombre de chanteurs font leurs premiers pas à Barjac. On va s’apercevoir à quel point la chanson est vaste, est riche aussi de toutes ses différences.

Des soirées qui racontent des histoires

« Barjac m’en chante va continuer à creuser son sillon, en écoutant pousser les petites graines semées et en se réjouissant de voir poindre les premiers bourgeons. Tout en accrochant quelques nouveautés à sa boutonnière, le Festival provoquera des connexions inattendues, des rendez-vous, des croisements, créera  du lien lors de soirées qui vous raconteront une histoire, tout en prenant mieux en compte une dimension poétique. C’est dans la diversité de la langue française et dans sa capacité à se réinventer que nous poursuivrons ce chemin. Un voyage dans l’univers de ces mots qui se transforment, s’enrichissent, jouent, avant de faire montre d’une grande facilité pour coudre hier à aujourd’hui, dénoncer les injustices, blâmer les puissants, célébrer l’humanisme, se gorger d’amour et finalement prendre voix, portés par une mélodie légère ou des rythmes charnus. Nous affirmons haut et fort que la culture est un bien public et que même s’il existe des îlots de résistance, la menace est sournoise. Tous les hors-circuits seraient-ils condamnés à la précarité et à la mise à l’écart ? Barjac m’en chante trouve son identité au cœur de cette problématique et dans la perspective enthousiasmante de rencontres humaines, autour d’une chanson que nous voulons tous sentir, debout et vivante. » Jean-Claude Barens (photo Pierre Bureau)

 Le site de Barjac m’en chante, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a dit de l’édition 2016, c’est là.