La résistance et l’espoir : Sinsémilia bouscule les consciences

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Du reggae sur NosEnchanteurs, oui ! Luttons contre les clichés, les préjugés bien ancrés dans l’inconscient collectif. Pourtant, tout musicien débutant qui s’essaye au skank, l’accord plaqué, à contretemps, joué à la guitare rythmique ou au clavier, aura vérifié la difficulté de l’exercice. Pour les « riddims », structures rythmiques généralement déterminées par leurs lignes de basse, nous verrons plus tard… Vous souhaitez qu’on parle de chansons ? Ça tombe bien, nous avons rencontré des musiciens de qualité qui portent, chantent, des textes intelligents, citoyens, concernés. Si on vous dit Tout le bonheur du monde vous aurez compris : c’est Sinsémilia (« Sinsé »pour les intimes). Bien plus qu’un excellent tube, c’est une aventure humaine hors du commun, vingt-cinq ans de carrière avec plus d’un million d’albums vendus et plus de 1500 concerts. Grenoble, années 90, une bande de potes autour de Mike et Riké (amis d’enfance), le reggae jamaïcain et le rêve d’un monde meilleur en dénominateur commun. Précurseurs du reggae en France, ils ont réussi à forger leur propre style. Un quart de siècle plus tard, les Sinsémilia sont toujours soudés, créatifs, en studio comme à la scène. Leur dernier album, « Un autre monde est possible », sorti en 2015, est un pur régal pour les amateurs de reggae. Le groupe s’inscrit pleinement dans la chanson française et dans la tradition reggae car la musique de Sinsé bouscule les consciences.

Près de dix-huit ans après sa sortie, La flamme se sera travestie en rose bleue mais l’incendie est plus que jamais d’actualité… l’escalade vertigineuse des nationalismes, du repli sur soi, demeure terrifiante et pourtant il restera l’Espoir car la musique de Sinsé et les textes travaillés, ciselés de Mike inspirent des valeurs de paix, de solidarité et de partage dont nous avons tant besoin en ces temps troublés. Fidèles à eux-mêmes et et à leur valeur de simplicité, les membres de Sinsé restent attachés à un travail volontairement artisanal, presque familial, avec une maîtrise de la production artistique en circuit court, loin des majors. Ils ont choisi un modèle économique à l’image des valeurs qu’ils défendent.

De petits lieux aux plus grandes salles, ils ont joué partout. Le groupe a eu la merveilleuse idée de capter ce live à l’occasion du concert au Summum de Grenoble (à la maison) pour nous offrir un beau DVD + CD, qui sort ce 9 décembre 2016. Des instants de scènes gravés que nous avons adoré revoir et qui enchanteront tous ceux qui n’ont pas eu la chance de croiser le groupe sur la tournée. C’est bien sur scène que l’on prend toute la mesure du talent de nos rastas grenoblois. Leur grand band, composé de onze musiciens est doté d’une énergie incroyable, basse, guitare, batterie, percus, une section cuivre complète composée de quatre musiciens (sax ténor, sax alto, sax baryton, trompette, trombone selon les morceaux). Les deux chanteurs, Mike et Riké, dont les voix et les présences scéniques se complètent à merveille, montrent une complicité hors du commun qui en dit long sur les liens d’amitiés qui lient ces deux-là. Le groupe donne tout sur scène et le chante au travers de Tout ce qu’on a. Sur cette tournée, Riké et Roukin offrent une version acoustique de Tout le bonheur du monde (guitare sèche et percussion). Un jeu épuré et magnifique qui redonne tout son sens à la chanson, un message d’amour et d’espérance adressé aux générations futures. Place à l’humour avec Douanier 007 que le public attend dès le début du concert. Le titre raconte les mésaventures des musiciens à l’occasion d’un contrôle par des gabelous peu perspicaces et sans discernement, sur la route d’un concert à Genève.

Sur le dernier morceau, Ça s’régale, le groupe rend hommage à Carine, la seule fille du groupe (sax ténor et baryton), en mettant un genou à terre devant elle. Carine ajoute une touche de féminité et de grâce lorsqu’elle danse avec ses foulards rouges en main ou fait onduler ses bras derrière Bozo durant ses solos de sax de Tu n’es qu’une merde. On saluera les performances du charismatique Natty, la force tranquille aux lignes de basse puissantes de Nordine le guitariste, de Yvan le batteur et de Sam aux claviers.

Sinsémilia, The reggae addicts’live, Echo productions/[Pias] 2016. Le site de Sinsémilia, c’est ici. Toutes les photos de Sinsémilia par Vincent Capraro, à l’Olympia c’est ici, à La Cigale c’est là.

À l’occasion du concert de la Cigale à Paris, nous avons eu la chance de rencontrer Mike. C’est dans un climat fort sympathique d’avant-concert que nous avons parlé de notre passion commune : la chanson. L’entretien intégral et exclusif est à lire ici.