Agnès Bihl : « 1 place achetée = 1 place offerte pour quelqu’un de moins de 26 ans »
Nous le disons souvent ici, tristes que nous sommes de constater que le public chanson d’aujourd’hui a l’âge d’avoir vu Gainsbourg, Nougaro, Magny, Ribeiro, Montand, Ferré en scène, parfois même Brassens et Brel. Si les artistes ne sont pas tous vieux, bien au contraire, leur public est souvent poivre et sel. Jérémie Bossone ou Manu Galure, Clémence Savelli, Clio, Eric Frasiak, Frédéric Bobin… si aucune, aucun, ne démérite d’un public senior, toutes et tous en méritent un bien plus large, y compris de leur âge ou plus jeune encore.
Incultes et méprisants, convertis au pouvoir de l’argent, médias et politiques décident désormais de qui a le droit d’être connu et de qui restera dans l’ombre. Radios et télés n’ont plus guère besoin d’artistes : ils les recyclent ou les fabriquent eux-mêmes, bien façonnés à leurs besoins. L’idée toute faite (et totalement imbécile) qui désormais prédomine est que rien n’est plus ringard que la chanson. Seuls les chanteurs morts ou en passe de l’être squattent le prime time des chaînes publiques, les labels ne feront bientôt plus que dans la reprise et ce sont des chanteurs défunts qui se produiront demain sur scène en hologrammes (ça n’est pas un gag : Sacha Distel, Mike Brant, Cloclo et Dalida sont en tournée dès janvier 2017) : étonnez-vous ensuite que l’on soit persuadé que la chanson est définitivement morte.
Il nous faut réagir, même si c’est pisser contre le vent. Mais comment ? Au chapitre des initiatives concrètes et non des grands discours, saluons celle de l’amie Agnès Bihl. Nous sommes prêts à en relayer d’autres. A qui le tour ?
« Quand j’ai commencé la chanson j’avais 23 ans… et j’en écoutais déjà depuis mes 10 ans, accrochée à mon Renaud et à mon Brel comme d’autres aux Stones et au Beatles. A l’époque on était plein à se retrouver dans ces petits lieux remplis de fumée et de chansons, à l’Ailleurs, la Folie en tête ou déjà au Limonaire. Et surtout on était plein de tous les âges…
Aujourd’hui je crois qu’on doit tous reconnaître que les concerts de chanson ne ressemblent plus vraiment à une sortie de fac ou de lycée. On y est bien, on se connaît tous depuis des années, mais rares sont les nouvelles têtes encore innocentes à pousser spontanément les portes de nos concerts.
Il faut dire que les médias, encore une fois, ne nous aident pas vraiment. Les radios diffusent de la soupe et c’est le public qui boit le bouillon.
Alors je me dis qu’à notre échelle, celle des artistes, on peut quand même essayer une ou deux choses et du coup je propose pour mon prochain concert au Café de la danse de mettre en place une opération « Places aux jeunes! ».
L’idée est simple on va offrir un quota de places pour que vous puissiez venir accompagnés de quelqu’un qui a moins de 26 ans… soyons fous !
Donc, 1 place achetée = 1 place offerte pour quelqu’un de moins de 26 ans (dans la limite du quota disponible).
Comme ça vous aurez l’occasion de proposer à votre fils, à votre nièce, à votre petit voisin massacreur de trompette, de venir avec vous découvrir quelque chose d’inconnu, de méconnu, bref un concert avec autant de mots que de notes!
Allez, essayons, on verra bien ce que ça donne et ça mettra un peu d’ambiance ! »
Agnès Bihl se produit le mardi 6 décembre au Café de la Danse, à Paris. Pour profiter de son offre « 1 place achetée = 1 place offerte pour quelqu’un de moins de 26 ans« , lui écrire à newsagnesbihl@gmail.com
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