Jamait, on en reste sans voix (mais pas lui, ouf !)
Liège, le Trocadéro, 25 novembre 2016,
Est-il vraiment utile de rappeler aux lecteurs de NosEnchanteurs combien la chanson française peut s’enorgueillir d’avoir dans ses rangs un artiste de la stature d’Yves Jamait ? En ce qui le concerne, on ne se lamentera pourtant pas sur la cécité des médias qui occulte au grand public l’existence de chanteurs majeurs : sans bénéficier d’un matraquage éhonté, il semble que l’homme soit honnêtement médiatisé et bénéficie d’une couverture suffisante pour permettre à tout un chacun de partir à sa découverte si le cœur lui en dit.
Ses venues en Belgique n’en sont pas moins rarissimes et il aurait dès lors été bêta de louper son passage dans le plat pays, pour deux dates seulement. Bienheureux ceux qui n’auront pas manqué l’occase et croisons les doigts pour que le bouche-à-oreille favorable que ces concerts ne manqueront pas d’engendrer (comment pourrait-il en être autrement ?) donne des idées à d’autres organisateurs susceptibles de l’inviter à se produire par chez nous.
Car un concert d’Yves Jamait, c’est une expérience que l’on souhaite à tout le monde de connaître un jour. Un spectacle intense, que l’on vit le sourire aux lèvres (beaucoup d’humour dans les intermèdes parlés du chanteur), la révolte au fond de la gorge, l’émotion à fleur de peau. Un voyage dans le monde intime de l’artiste, doux mélange de nostalgie, de colère, d’optimisme et d’amour.
Plus concrètement, le concert sera une balade dans le riche répertoire de Jamait (six albums studio à son actif), où, forcément, l’accent est mis sur le dernier paru Je me souviens…, mais où l’on n’oublie pas les fans de la première heure avec des titres plus anciens, issus principalement de ses deux premiers CD (La fleur de l’âge, Jean-Louis, Y’en a qui…). Le groupe qui l’entoure (Samuel Garcia à l’accordéon et au piano, Jérôme Broyer aux guitares, Mario Cimenti à la batterie et au saxophone) est solide et la complicité entre ses membres évidente (pauvres musicos forcés de supporter les vannes de la vedette…). Lui-même s’accompagne sur certains titres à la guitare, qu’il joue de manière mature (je vous laisse la surprise de l’explication). Le son est impeccable et la diction du chanteur à casquette parfaite, comme sa gestuelle renforçant son interprétation habitée, sans redondance ni excès. Quant à sa voix unique… Les points de suspension en disent assez, non ?
Un bémol pour la route ? Sa version actuelle de Dimanche. C’est une magnifique chanson, toute en sensualité, profondément émouvante par son impudique cri d’amour. Probablement la plus connue de Jamait suite à un mémorable passage télé qu’on peut toujours voir à l’envi sur YouTube (plus de 500 000 vues, excusez du peu !). Elle est devenue dès lors incontournable mais, revers de la médaille, peut-être l’envie de la chanter n’est-elle plus trop présente chez l’artiste, comme cela arrive bien souvent. En tout cas, l’interprétation m’a paru ce soir-là fort mécanique, sans qu’on sente l’artiste réellement concerné. Mais surtout, le choix de Jamait de transformer le final en chanson entraînante, poussant le public à taper dans les mains pour l’ambiance, est totalement incongru vu la charge émotionnelle du morceau. Bizarre bizarre. Et d’autant plus malvenu que le Vierzon qu’il nous offre magistralement plus loin dans le concert conserve, lui, toute sa puissance et sa sensibilité.
Broutilles que tout cela cependant, qui ne viennent en rien entacher un concert proche de l’excellence. Avec un bonus rien que pour nous puisque nous aurons eu droit à une reprise du Je me suis fait tout petit de Maître Georges, délicate attention de l’artiste qui se produisait dans le cadre d’un festival Brassens. Quand un chanteur est autant à l’écoute des désirs de son public potentiel, comment ne pas tomber définitivement sous le charme ?
Le site d’Yves Jamait, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Bel hommage à cet artiste exceptionnel.
Profitons en pour rendre aussi hommage (comme Yves le fait sur scène) à Jean-Louis Foulquier qui lui a donné sa chance à La Rochelle et l’a présenté à Patrick Sébastien.
Hommage également à ce dernier auquel il doit sa 1ère télé et qui l’a produit.
Superbe artiste Yves Jamait !
Des textes bien écrits et des musiques en harmonies de ses cris, ses joies, ses rêves, ses plaintes ou ses colères…
Une présence qui habite ses chansons avant d’y inviter son public à y squatter avec lui.
Des musiciens au diapason de ses émotions…
A découvrir et faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas encore et qui deviennent rares…
Lorsque nous sommes arrivés, mon égo et moi,comme vieil animateur bénévole dans cette petite mais oh combien sympathique Radio Bretonne et que j’ai diffusé plusieurs fois Yves Jamait, peu de mes jeunes collègues et même quelques anciens n’avaient un jour entendu parler de lui. Nous nous sommes , mon égo et moi fait la même réflexion Yves Jamait n’était pas connu en Bretagne (comme quoi, il faut se méfier de ses propres sondages).
Et puis il est venu à l’Avel Vor à Plougasel-Daoulas .
A quelques kilomètres de la Radio.
Déjà dans la file d’attente … des quatre coins de la Bretagne et de bien plus loin..et une formidable soirée…
Donc, il faut toujours dire Jamait !!
Mais je suis sur Michel que vous l’avez déjà faite…
En effet, concert magnifique. Mais pas tout à fait d’accord sur « Dimanche » : si le final entraînant était effectivement plutôt incongru, l’interprétation, elle, m’a paru d’une très grande intensité… Comment trancher ? En le faisant revenir en Belgique !