69e palmarès du Charles-Cros : l’immense Juliette honorée pour l’ensemble de son œuvre
L’Académie du disque Charles-Cros a bon goût, qui décerne aujourd’hui son Grand prix in honorem à l’immense Juliette Nourredine, pour l’ensemble de son œuvre. Cela dit, rassurez-vous, son œuvre n’est pas achevée, loin s’en faut : c’est simplement l’occasion qui fait la distinction. Et l’occasion, c’est cette très belle initiative de Polydor/Universal : sortir l’intégrale discographique de notre diva toulousaine.
C’est un événement considérable dans la chanson : pensez, l’intégrale de la divine Juliette. Avec ces disques depuis longtemps introuvables comme celui, en public, Juliette chante aux Halles de 1995 ou, mieux encore, son premier, en fait une cassette dupliquée à peu d’exemplaires, en 1987, qui déjà comporte Les lanciers du Bengale ainsi qu’une adaptation d’un texte, Les djinns, de Victor Hugo (qu’elle chantera à nouveau, en 2010, avec La chanson de Déa). Qui affirme avoir la cassette d’origine est certainement un affabulateur tant celle-ci est rare, introuvable : c’est un vrai plaisir que de la découvrir enfin, car tout Juliette est déjà là, l’univers comme la voix. Un coffret avec son lot de raretés aussi (des duos – avec Guidoni, Weepers Circus, Bratsch, Dame Felicity Lott, Fred Pallem et Le Sacre du Tympan, Alexandre Tharaud – voire d’enregistrements inédits, dont deux titres avec l’Orchestre Lamoureux). Tout Juliette pour un coffret qui ne vous ruinera pas (29,90 € pour 14 CD, c’est presque cadeau !).
Celle qui de son prénom s’est fait un nom, celle qui de son nom fait pléonasme, redondance, avec le mot « qualité », celle dont toutes les chansons sont rimes féminines, est depuis longtemps au firmament de la chanson, avec un public acquis, à qui on ne la fait pas. Hasard ou destinée, talent dans tous les cas, lui ont fait rencontrer et fructifier ce public, sans qu’elle soit très présente dans les médias, en tous cas pas sur le petit écran. Un temps associée au parolier Pierre Philippe (né à nos oreilles quelques années auparavant par l’entremise de Jean Guidoni) qui fut son mentor, son maître d’écriture, Juliette a fait miel de quelques autres gens de paroles (dont Bernard Joyet) avant d’écrire elle-même d’autres, nombreuses, talentueuses et féminines rimes. Chacun de ses disques est événement, promesse d’émerveillement autant que d’audaces. Chacun de ses spectacles aussi où à la dentelle de ses mots, au subtil de ses choix instrumentaux, Juliette ajoute un rapport au public parfois rude, rustique : du Juliette qu’on redoute autant qu’on le respecte, masque d’une artiste timide et pudique que des gros mots, des énormes, font parfois mine de protéger.
Si la chanson est grande, c’est grâce à des artistes comme Juliette. Qui, loin de se satisfaire d’une œuvre personnelle, participe a révéler le talent d’autres, le mettre dans des écrins, en assurant la mise en scène des prestations de ses collègues. Ainsi François Morel, Entre 2 Caisses, Madame Raymonde, le Maxi Monster Music Show…
Juliette a déjà reçu le Grand prix de l’Académie du disque Charles-Cros en 1994 pour l’album Irrésistible (l’année même où les Francofolies de La Rochelle lui faisaient sa « fête ») ainsi qu’en 2002 pour l’album Le festin de Juliette.
Les autres lauréats du palmarès 2016 du Charles-Cros – et notamment Michèle Bernard – à lire ici.
Le site de Juliette, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Et on découvrira ici le très inspiré portfolio Juliette de Vincent Capraro.
Une personnalité remarquable, une chanteuse bourrée de talent, et des textes sans pareil !
Que dire de plus ?
J’AIME…
Rétrolien 12 décembre 2016 | La vie en rose