Stavelot 2016. Les beaux débuts de Tout finira bien
Stavelot, festival « Une chanson peut en cacher une autre », 28 octobre 2016,
Tout finira bien. TFB en abrégé. Un nom original pour un groupe qui ne l’est pas moins. Ensemble bruxellois, donc cosmopolite. Nous dirons franco-italo-belge, pour résumer le mélange des nationalités des cinq membres qui le composent. Un chanteur (par ailleurs flûtiste à l’occasion), entouré d’un solide band (basse-contrebasse, saxophone ténor, clarinette basse et batterie). Et tout ce petit monde donne dans la chanson.
La chanson, vraiment ? Pas sûr que ce terme-là vienne d’emblée à l’esprit pour situer le groupe. La sonorité de TFB est en effet résolument jazz. Cette prédominance de la musique amènerait donc à évoquer plutôt le jazz chanté (scandé ?) que la chanson jazzy, même si certains morceaux invitent à chanter en chœur. Autant se le tenir pour dit.
Car le groupe ne fréquente que par accident les sentiers de la chanson traditionnelle, avec ses couplets-refrains et ses mélodies à siffloter sous la douche. Dans sa bulle intemporelle,Tout finira bien déploie son univers. Portées et transcendées par une musique puissante, fluide ou saccadée, mêlant les ambiances mais toujours virtuose, les paroles invitent au repos et à la contemplation (Un cimetière de mots d’amour), à la révolte contre la banalité du quotidien (Tom), à l’amour total (Lâche d‘amour)… Jouant sur les mots (Egoutte les nuages un par un / Pars un jour si tu veux, mais un jour lointain) ou sur les sons (Aller / Aller haut / Aller au-delà / Des aléas), l’écriture est soignée mais sans tape à l’œil. Seul bémol : le chanteur, Gilles Bourgain, par ailleurs auteur des textes, est trop souvent excessivement bavard dans ses intermèdes parlés entre deux titres, risquant de déconnecter le public de l’ambiance créée, et son chant - quand il ne vire pas au slam – se montre parfois hésitant ou fragile, en contraste avec l’implacable machine rythmique qui l’accompagne.
Le dossier de presse présente Tout finira bien comme un groupe dans la veine de Vian, Queneau ou Norge. La référence contemporaine qui me paraît pourtant la plus exacte serait Dick Annegarn, grand explorateur de sons et dynamiteur de mélodies. Pas forcément l’artiste le plus consensuel et le plus aimable à l’oreille, lui dont les chansons demandent à être apprivoisées au fil de multiples écoutes. TFB est dans cette lignée. Vous aurez été prévenus.
Le site de Tout finira bien, c’est ici.
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