Stavelot 2016. Véronique ne pestelle pas, elle suit son chemin !
Stavelot, festival « Une chanson peut en cacher une autre », 28 octobre 2016,
Ses venues sont si rares en Belgique qu’il m’aurait paru sot de n’en pas profiter pour fourguer un titre à cet article que seuls les habitants du plat pays comprendront d’emblée. Pour les autres, à vos dicos !
Elle s’avance sur la scène, pieds nus, la chevelure rougeoyante portée comme un étendard, menue mais forte, belle comme une femme libre. Son piano l’attend. A ses côtés, discret derrière son pupitre à partitions, Clément Wurm, chanteur également par ailleurs, mais pour l’heure, violoniste-accompagnateur sur les trois quarts des morceaux qui nous seront interprétés ce soir.
Elle, c’est Véronique Pestel. Est-il besoin de la présenter aux lecteurs de NosEnchanteurs ? Ce n’est pas lui faire offense que d’avancer qu’elle a son rond de serviette à la table de notre journal. Il en est pourtant qui ne la connaissent encore que de ouï-dire ou par inadvertance. L’auteur de ces lignes, par exemple, qui avait déjà eu l’occasion de l’applaudir voici quelques années, à l’occasion de la tournée qui avait suivi son disque Babels, mais qui avoue humblement ne pas avoir creusé le sujet par la suite.
Presqu’une découverte, donc. Et une heureuse surprise de constater que la réputation flatteuse de l’artiste n’est en rien usurpée. Michel Kemper écrivait encore il y a peu : C’est un univers musical soyeux, mélodique, qui allie sans mal le classique et une approche populaire de la musique. C’est une porte sur la littérature, sur l’envie, la nécessité de littérature. C’est riche de culture, d’enseignements. Ce sont des paroles qui s’arc-boutent à la tendresse, cherchant le moindre relief pour la déposer, lui faire prendre racine. C’est une chanson contemplative et puissante qui frôle et fixe nos émotions, le temps et les saisons (…).
Que rajouter, si ce n’est, en termes moins lyriques, que l’accompagnement musical piano-violon, quand il atteint un tel niveau de savoir-faire et de talent, était un écrin idéal pour les bijoux chantés ce soir-là (même si Véronique, pour quelques morceaux, a regretté que le contrebassiste ou le batteur du groupe qui assurait la première partie n’étaient pas disponibles pour la rejoindre :serait-elle un peu lasse du piano-voix ?).
Que le répertoire, mêlant titres anciens (Le manque, La vie va Rag’, Mimi de Saint-Julien…) et morceaux du prochain CD à paraître en décembre (comme le très beau Rosier du père Séchaud, sur les petites graines qu’on plante pour l’avenir, A chacun son handicap où l’aveugle n’est pas celui que l’on croit, Les Alouas qui sont des alouettes créées pour avoir une rime en A…), tire vers le haut et l’absolu, par sa portée poétique, sa prétention à l’universel et le refus de l’anecdote. Le final, une longue et magnifique chanson sur Camille Claudel, ample et puissante, forte dans le propos et âpre dans le ton, en sera le point d’orgue, avant cet ultime rappel tout en tendresse sur sa grand-mère brésilienne (Mamie métisse).
Que le chant de Véronique Pestel, enfin, est bouleversant, la maîtrise parfaite de son art portant l’émotion au plus haut point, sans jamais tomber dans la démonstration ou l’esbroufe.
Mais tout cela, vous le saviez déjà, non ?
Le site de Véronique Pestel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Bel article, Pol, auquel s’ajoute le commentaire sensible de Michel, déclenchant chez moi un besoin de mieux connaître cette artiste …
« Jeanne Hébuterne » …. frissons !
Un grand grand merci ..