Alors… Chante ! ne devrait plus chanter du tout
Depuis la furtive renaissance d’Alors… Chante ! à Castelsarrasin en septembre 2015 pour célébrer son trentième anniversaire puis en mai dernier pour sa trentième édition (deux occasions pour Pierre Perret d’enfin chanter dans sa ville natale), nous n’avions plus vraiment de nouvelles de ce festival. Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles… Et voici ce laconique communiqué (lire notre encadré) qui annonce la fin des festivités. L’association Chants libres, organisatrice, qui se débattait dans d’inextricables problèmes financiers, vient de porter le dossier au tribunal pour demander sa liquidation : la séance est prévue le 8 novembre 2016.
Fin donc de ce festival étalon créé en 1986, dans ces années Lang où des festivals fleurissaient de partout. L’essentiel des actuels grands festivals de chanson remontent à ces années-là. Hors sa programmation foisonnante, ce festival était, à Montauban, l’un des points d’ancrage de la profession qui tenait là l’un de ses rendez-vous annuels plus importants.
Le passif de 331 000 euros aura été fatal à Chants libres. Ejecté comme un malpropre de Montauban par sa festivalicide maire, Brigitte Barèges (profitant éhontément de la mise à la retraite du directeur et créateur du festival, Jo Masure), Alors Chante ! n’a pas réussi le pari à haut risque que fut celui d’une autre et pourtant judicieuse implantation : celle de Castelsarrasin, distance d’une quarantaine de kilomètres. D’un coup d’un seul, on ne peut en effet retrouver un égal public. C’est tellement vrai qu’en mai dernier, cinq spectacles furent annulés quasiment à la dernière minute, faute d’un public suffisant.
En fait les causes semblent multiples. Ne serait-ce que cette subvention promise, de 50 000 €, d’un des partenaires habituels de ce festival, le CNV (Centre national de la chanson, des variétés et du jazz), qui finalement ne devrait pas arriver, le CNV n’ayant, selon lui, « pas vocation à désendetter Chants libres ». On dit que cette somme aurait pu éviter le dépôt de bilan. Rappelons à toute fin utile que le CNV a pour mission principale de soutenir le secteur de la chanson, des variétés et du jazz, grâce aux fonds collectés par la perception de la taxe sur les spectacles. Soutenir et pas particulièrement d’en être le fossoyeur.
Producteur et programmateur exécutif du festival Les Muzik’Elles de Meaux de 2005 à 2014 (festival suspendu par décision de son maire Jean-François Copé), Abacaba s’était associé à Chants Libres cette année pour déménager le festival Alors…Chante ! à Castelsarrasin.
Par ailleurs, le quotidien La Dépêche, dans un article en date du 4 octobre dernier, émet un possible autre scénario concernant Castelsarrasin : « À moins que l’association Arpèges et Trémolos, à la tête de Pause Guitare, organise un festival à Castelsarrasin, à la place d’Alors…Chante. C’est ce qu’annonçait en filigrane l’adjointe à la culture Muriel Valette lors du dernier conseil municipal de Moissac précisant que ce nouveau festival se tiendrait du 12 au 14 mai à Castelsarrasin. Alain Navarro, directeur de Pause Guitare n’a pas démenti cette information. ‘Je n’ai pas vocation à communiquer sur ce sujet’, soulignait-il ».
Clap de fin aussi pour le festival Rencontre de la Chanson francophone de Prémilhat (dans l’Allier) au terme de sa dixième édition, festival de très grande qualité, que nous avons toujours soutenu et relaté mais qui n’a jamais, ou très rarement, trouvé son public. Signalons toutefois, tentative de la dernière chance, une initiative privée pour tenter de le désendetter et d’imaginer ainsi une onzième édition : c’est ici.
Ce que NosEnchanteurs à déjà dit sur la situation d’Alors…Chante !, c’est ici.
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