Aix 2016. Bob’s not dead, sous la crête la tendresse
7 octobre 2016, salle du Bois de l’Aune à Aix-en-Provence,
On l’aime bien, Bob, au Festival d’Aix. L’an dernier programmé hors murs, le voici de retour cette année dans la grande salle du Bois de l’Aune. Si Bob est précédé d’une réputation de punk provocateur, c’est aussi un charmant garçon qui ne s’amuse à taquiner gentiment la salle que par jeu. Sa présentation s’est assagie depuis ses débuts, plus de crête mais un micro chignon sur cheveux passés à la tondeuse, faisant ressortir un visage éclairé de l’intérieur. T-shirt noir, tatouage relativement discret, long kilt noir, et rangers qui vont avec, lui donnent un look entre le keupon de base et le samouraï plutôt élégant.
Pour la voix et l’inspiration, c’est une sorte d’hybride entre Soan et Renaud (d’avant), avec leur voix de rocaille, leur rage et leur langage cru, habité par le fantôme de François Villon. Tout seul avec sa guitare tatouée elle aussi et sa boîte à rythmes, ou en duo avec son guitariste (branché)-accordéoniste-banjo man Christophe Jammes (surnommé affectueusement Papy) il fait autant de bruit et d’air qu’un orchestre entier. Capable de nous promener du rock au grunge ou au musette, du country-folk à la guitare manouche autour du feu de bois, nous reposant parfois d’une vraie chanson avec du texte et de la corde acoustique. Il se dit autodidacte en guitare, on a peine à le croire tant il en joue en virtuose. Brassens son autre maître à penser en perdrait sa pipe. Lui s’avoue « Incapable de fumer des tarpés je suis même plus stone et je deviens parano ça me fait le contraire de l’effet désiré mon cœur s’emballe et me retourne le cerveau… » Bob est un rêveur qui voudrait que la vie soit plus cool et plus excitante, les gens moins cons, et qui doute de lui. « J’veux plus d’ce mec, j’veux plus d’moi, j’veux qu’ça s’arrête». Sa philosophie est simple « que ma vie soit une fête je veux rester amoureux / vivre d’amour et de bières fraîches de rencontres à gogo / pas de bises de business ni de requin marteau », un idéal de vie à la manouche.
Ses trente ans l’ont fait mûrir et promettre à sa blonde « l’éternité, peut être pas pour toujours mais au moins jusqu’à crever… » Prêt pour elle à arrêter la bière et lui dédiant ses Dernières volontés. Capable de lui tirer des larmes avec cette nouvelle chanson d’amour « J’ai cru bon d’aller cueillir de belles plantes sur mes chemins / Mais elles fanent sans fleurir ».
Entre humour et tendresse, rage et empathie (ah ce titre dédié à la fille qui vient de loin pleine d’espoir et qui se retrouve « Encrée sur le bitume par tous les temps en attendant l’amour / Ravale ton amertume ravale ta fierté et ravale toujours »), il sait aussi parler de la vie avec poésie dans la jolie fable des Trois feuilles mortes, évoquer en rappel La mante religieuse, femme très fatale, ou les aventures drolatiques de Monstres de foire.
S’il a rêvé un jour d’être un chanteur de rock, ou de reggae « un grand black super gaulé avec des dreads jusqu’au cul », s’est construit un personnage pour mieux se protéger, la réalité l’a rattrapé. Il gueule qu’il en a marre de tout, ne se prend jamais au sérieux : « Je ferai jamais le tour de Jamaïque, honnêtement j’y pense même plus, même pas le tour de l’Afrique j’aurai trop peur du palu. » Son voyage en Inde, il l’a fait à Pondichéry, et en garde un souvenir très mitigé. Mais même simple Chanteur de bar il peut voir les yeux de son public briller. Faut dire qu’il lui en donne avec générosité, une vingtaine de titres, pratiquement l’intégralité de ses deux derniers albums, dans une ambiance survoltée. Les plus jeunes dansent devant tandis que les plus âgés peinent à rester assis sur leurs fauteuils, tant leurs jambes les démangent !
On ne souhaite que le laisser continuer à nous tatouer l’âme « A l’encre de mes veines, aux cris de ma mémoire / à la couleur de l’ébène, aux couleurs de l’espoir… »
Le site de Bob’s not dead, c’est ici ; la page facebook de Likesberry, c’est là.
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