A Stavelot, en Belgique

Cédric Gervy (photo DR)

La chanson d’expression que nous défendons sur NosEnchanteurs n’est guère accessible dans le plat pays qui est le mien. Bien sûr, les vedettes médiatisées en tournée font toujours un détour par chez nous pour une ou plusieurs dates et les fans des Souchon, Lavilliers, Bruel ou autre Cabrel n’ont pas de soucis à se faire pour aller les applaudir pas trop loin de chez eux. De même, pour peu qu’un trajet sur Bruxelles ne les rebute pas, les tenants de la modernité façonnée par les Inrocks ou Libération pourront aisément étancher leur soif de découverte grâce à l’efficace action du Botanique, la salle « branchée » de la capitale. Par contre, pour les amoureux de la chanson qui n’a pas l’heur de plaire à « ceux qui savent », la situation est très difficile et la possibilité de voir sur scène un Romain Didier ou une Anne Sylvestre (pour ne prendre que des noms réputés) est malheureusement proche de zéro.

Un festival de Charleroi, intitulé Mars en chansons, avait tenu la gageure durant quelques années de proposer une programmation francophone riche et hors des sentiers battus, mais las, le robinet à subsides a été coupé et l’aventure a dû prendre fin, au grand désespoir de ses aficionados qui en parlent toujours avec des sanglots dans la voix.

C’est pourquoi il nous faut acclamer, encourager et porter à bout de bras, l’ultime festival de Belgique uniquement consacré à la chanson de paroles (selon l’appellation quasi contrôlée), le bien nommé « Une chanson peut en cacher une autre », dont la 15^ème édition aura lieu du 16 au 29 octobre 2016.

Dans une petite ville perdue des Ardennes, Stavelot, que les amateurs de Michèle Bernard connaissent peut-être puisque le titre de cet article a été emprunté à l’une de ses chansons (cherchez bien dans l’album originel des Nuits noires de monde), contre vents et marées, une petite famille de passionnés persiste à faire découvrir cette autre chanson, obstinément masquée par la masse commerciale squatteuse de médias. Pour être exact, l’entreprise remonte à 1993, quand cette bande de fous joyeux décida de programmer trois ou quatre concerts de chanson française par an, étalés sur toute la saison culturelle. Par la suite, il fut décidé de regrouper tous les efforts sur un festival d’automne, développé sur deux semaines.

Depuis 1993, c’est toute la fine fleur de la chanson française qui a fait un détour par la petite salle de Stavelot. Bien souvent, ce fut l’occasion de leur premier passage en Belgique (et malheureusement aussi, parfois de leur dernier…), la fine équipe d’Ecoutez Voir (c’est le nom de leur association) ayant à la fois le nez fin, le goût de la découverte et une absence notable de préjugés.

Des noms ? La liste est interminable et va des « vedettes » comme Gilles Vigneault, Richard Desjardins, Philippe Lafontaine ou Dick Annegarn aux bien moins connus Katrin’ Wal(d)teufel, Vincent Delbushaye ou Bel Hubert. De toute la francophonie et de toutes les générations, ils sont tous venus, ils ont tous été là.

L’édition 2016 du festival ne dépareille pas. A côté des nombreux spectacles pour jeune public, la programmation se concentre sur 2 week-end (pour être exact : sur 2 vendredis et 2 samedis), avec à chaque fois 2 concerts par soirée.

Vous pourrez ainsi applaudir :

Vendredi 21 octobre : le français Gauvain Sers et le groupe belge Dalton Télégramme (dont NE vous ont déjà dit tout le bien qu’il fallait en penser)

Samedi 22 octobre : le belge Cédric Gervy et les québécois du Benoît Paradis Trio.

Vendredi 28 octobre : Tout finira bien (groupe belge) et Véronique Pestel (dont les passages en Belgique sont rarissimes : profitez-en !)

Samedi 29 octobre : Manu Louis (chanteur belge électro) et Dimoné (bien connu des lecteurs de NE depuis son passage à Barjac en 2013).

Un joli panorama, qui, comme d’habitude, allie humour et poésie, piano-voix et groupe rock, professionnels aguerris et jeunes pousses débutantes. De quoi contenter toutes les oreilles. Celles de NosEnchanteurs devraient être de la partie le 2^ème week-end. Nous reviendrons donc sur le sujet, juré promis.