La foire du tronc
Thomas Dutronc, création originale, hommage à Django Reinhardt, Cirque d’hiver à Paris, 23 septembre 2016,
Sans être tout un cirque, c’est un hommage que Dutronc fils vient de rendre, trois jours durant, au grand maitre Django, son « dieu », sur la guitare qui fut la sienne. Et dans « l’arène » du Cirque d’hiver, en ces premiers jours d’automne. L’endroit est magique, terriblement bien choisi tant pour l’acoustique que pour son ambiance, rétro, un peu gitane, terriblement manouche…
Vous étonnerez-vous si la soirée débute avec deux instrumentaux ? De Django bien sûr ! Le ton est lancé ! Thomas Dutronc présente et la soirée et le violoniste et guitariste Pierre Blanchard qui l’accompagne. Cette soirée, il l’a voulu « acoustique » et sans batterie, même si, dans cet espace rond, il est difficile de régler le son lorsque la technique est derrière le rideau et non face à la scène.
Un temps timide, Thomas se lâche, court et danse sur scène, délaissant son emblématique guitare presque à regret, se rapproche de ses superbes musiciens avec lesquels il fait chaque fois duos : l’excellent guitariste manouche Rocky Gresset (qu’on peut écouter sur les albums de Thomas Dutronc, ce n’est pas leur première collaboration), Aurore Volquie au violon, Michel Portal, pointure s’il en est de la clarinette depuis des décennies. Vraiment Dutronc nous transmet tout ce qu’il a appris du milieu manouche : facile alors de partir avec lui dans cette musique.
Partir, bouger : invité à le faire, le public investit le manège circassien et se met à danser. C’est plus encore partage d’émotions en toute simplicité !
S’en suivent des chansons de ces albums, de Django Reinhardt ainsi qu’une reprise bluesy de sleepwalk et une autre, rock, des Triplettes de Belleville, en compagnie de Raoul Chichin (fils de feu Fred et très bon guitariste) que Thomas a voulu à ses côtés pour faire quelque chose de différent et qui leur ressemble. C’est un concert de musiciens auquel nous assistons et Thomas Dutronc est fondamentalement un excellent instrumentiste ! Généreux, la soirée est à son image, lui qui semble aimer les belles choses de la vie.
Dernière chanson, pleine d’émotion, Est-ce ainsi que les hommes vivent, d’Aragon. Thomas cache son émotion derrière ses lunettes teintées qui le font ressembler à son père… Si la ressemblance est très physique – le timbre aussi – le registre musical, autrement plus brillant, n’est pas le même !
Que tous les amoureux du jazz manouche guettent les prochaines dates de Dutronc fils s’il reste toutefois des places : ils ne seront pas déçus. Même ailleurs que dans ce Cirque (d’hiver), ça devrait être encore un vrai manège (enchanté).
Cette création hommage à Django Reinhardt est à l’initiative du Festival d’Ile de France. Le site de Thomas Dutronc, c’est ici.
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