Gérard Morel chante la bouche pleine
La Guinguette des fines gueules, 23 septembre, La Ricamarie,
Vous connaissez Gérard Morel, tant l’homme que son art. Morel c’est un peu Shrek chez Gargantua, bonne chère et bonne chair à la fois. Belles bajoues et fine gueule.
Au fil des mois et des années, NosEnchanteurs a à peu près tout consigné (et les consignes, ça rapporte) de ce que Morel sait faire en scène. Sauf que notre chemin n’avait pas encore croisé sa Guinguette des fines gueules… Oh, ce n’est rien qu’un diner-spectacle mais… Mais c’est du Morel dans son jus, de l’épicurien en rien curieux, du parfois facile et parfois moins. Juré, l’entendre, le voir, chanter Les sucettes (celles que jadis Gainsbourg fit fondre et avaler dans l’innocente bouche de France Gall) avec le physique et le regard qu’il a, ça fait pervers, ça fait pépère… Sans compter qu’en guise de filet de voix, Morel n’est que faux-filet.
Bon, resituons le propos. Cette guinguette c’est rien que pour déguster des chansons. Que des chansons sur les saveurs. Le boire et le manger. La soirée alterne entre les chansons à faire fondre au coin de l’oreille, les notes à déguster sans mesures, les mots doux et gourmands et le repas qui vous est servi à table.
C’est Morel en tête d’affiche mais c’est tant Gérard Morel, bien sûr (et ses musiciens), qu’Hervé Peyrard, le chanteur de Chtriky qui se partagent le boulot. En temps normal rejoint par des collègues de travail : des Anne Sylvestre, Xavier Lacouture, Presque Oui, Amélie les crayons, Elsa Gelly, Wally, Joyet et Miravette, Entre 2 Caisses, Yves Jamait et d’autres encore (voir vidéo ci-dessous pour pour en faire une juste idée). Là, le budget de la soirée n’est pas bézef et on tourne à l’économie. Pas dans l’assiette je vous rassure mais sur le casting : les guest-stars de cette soirée-là, à La Ricamarie, dans la Loire, furent des régionaux de l’étape, à savoir la stéphanoise Valérie Gonzalès et sa chorale. Guest-stars et stars à la fois : avec quatre chansons, ils ont cassé la baraque ou peu s’en faut. En deux titres venus du moyen-âge (Belle qui tient ma vie et Chantons, buvons), un Blanche-Dac fort à propos (Le parti d’en rire) et, magnifié comme un chef d’oeuvre, L’hymne à la croissance du stéphanois Christopher Murray. Bravo à ce groupe qui, s’il n’a pas encore de nom, a déjà bien du talent.
Les chanson de Morel et Peyrard : un peu sur le manger, beaucoup sur le boire. Et pour la plupart non tirées du plus grand dénominateur commun de la chanson. Mais dans le moins connu, le moins commun, pas mal de chansons de leurs copains : Le tango de Claudette (Michèle Bernard), Où va le vin quand il est bu ou Le temps de finir la bouteille d’Allain Leprest, Si tu me payes un verre de Bernard Dimey, Le bistrot de Georges Brassens, La java sans modération de Gilbert Laffaille, Maigrir de Sanseverino, Le perroquet du Périgord de Presque Oui, Les fromages de François Morel… Et, à plusieurs titres, du Gérard Morel et de l’Hervé Peyrard. Bon, Morel fait certes la paupiette (Paulette, des Charlots) et Peyrard le cornichon (Les cornichons, de Nino Ferrer) mais ils essaiment d’abord et avant tout une chanson qui a du mal à se faire entendre, qui n’a médiatiquement aucun porte-voix.
Entrelardé d’une entrée, d’un plat de résistance et d’un (succulent) dessert, ce n’est plus vraiment un concert, ni même un spectacle. Mais des séquences décontractées bourrées de chansons, de bonne humeur. De quoi, au terme de la soirée, être repu : du repas, des chansons. Et satisfaits de l’organisation : le Centre culturel de La Ricamarie a fait appel, comme à l’accoutumée, d’associations locales, de jeunes et d’habitants, pour l’accueil et le service (impeccable). Façon élégante et efficace de plus encore partager la culture. Rien que pour ça, bravo !
Le site de Gérard Morel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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