Le sourire coupable des Innocents
Festival des Solidarités, Namur, 28 août 2016,
Dans le cercle étroit des amoureux de la pop française, il est un album que tout le monde s’entend au minimum pour qualifier de « majeur », et que certains considèrent carrément comme le plus grand album pop jamais enregistré en français. Un album que les Beatles auraient pu envier. Un album-phare. Ce disque s’intitule Post partum, il date de 1995, il est l’œuvre des Innocents.
Loin d’être un album maudit, il a en outre constitué la plus grosse vente du groupe, porté qu’il était par ses tubes imparables que constituaient Un monde parfait, Raide raide raide et Colore. Il faut croire toutefois que le ver était dans le fruit et que le succès fut fatal à l’entente entre les membres, puisque le groupe se sépara après un ultime album en 1999.
Et voilà qu’en 2015, Les Innocents renaissent de leurs cendres ! Dans une formule réduite aux deux têtes pensantes toutefois, Jean-Philippe Nataf et Jean-Christophe Urbain, avec un nouvel album à la clé (Mandarine) et une robuste tournée qui voit les deux compères, a priori réconciliés, partir à la rencontre de leur public qui n’attendait que ça depuis trop longtemps.
A les voir débarquer à deux sur la scène, armés de leurs seules guitares, on s’inquiète pourtant un peu. Le dépouillement, c’est bien beau, mais leurs albums étaient des merveilles d’harmonies et d’orchestration. Les chansons allaient-elle survivre à la sobriété ainsi choisie ? N’était-ce pas un peu comme si Simon et Garfunkel se mêlaient de chanter les Beach Boys ! La crainte ne fut heureusement pas de longue durée, la force des mélodies se révélant telle qu’elle permet aux titres d’exister par eux-mêmes, quelle que soit la formule d’accompagnement. Et si le début du show – où furent interprétées quelques chansons de leur dernier album, plus folk que pop – fut un peu poussif, la machine bien rodée s’est mise en marche lentement mais sûrement, l’excitation et le plaisir allant crescendo.
Le duo bien rodé, avec un Jipé s’amusant à jouer au guitare-héro et un Jean-Christophe plus terrien, solidement campé derrière son micro, nous aura ainsi embarqués sans coup férir, pour nous achever par un K.O. debout en enchaînant L’autre Finistère, Confession d’un vieux serpent, Colore et, au final, repris en chœur par un public aux anges, Un homme extraordinaire.
Tout ce bonheur distribué méritait bien qu’on l’attende quinze ans, non ?
Le site des Innocents, c’est ici ; le site de Souchon et Voulzy c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Alain Souchon (et de Laurent Voulzy) c’est là.
Commentaires récents